Les travailleurs des postes souligneront l’anniversaire de la fin de la livraison à domicile

Le Syndicat des travailleurs des postes (STTP), section de Montréal, soulignera jeudi, au cours d’une manifestation, la première année après que Poste Canada ait décidé de mettre fin à la livraison du courrier à domicile.

Cette manifestation, qui aura lieu pendant la pause de 8h15 des postiers devant la succursale postale d’Youville, devrait rassembler notamment Serge Cadieux, secrétaire général de la FTQ, des élus de l’opposition officielle à la Ville de Montréal, Projet Montréal, et des représentants du bureau d’Alexandre Boulerice, député fédéral de Rosemont–La Petite-Patrie, a appris Métro.

Le syndicat rejette les arguments de Poste Canada qui se dit dans l’obligation de mettre fin à la livraison à domicile au profit de l’implantation des boîtes communautaires. L’organisme fédéral a fait l’annonce de ce changement graduel de la livraison en décembre 2013. Selon Poste Canada, la baisse des communications papier et l’augmentation du courrier électronique les obligent à revoir leur modèle, «sinon, Poste Canada deviendra un trop gros fardeaux financier pour les Canadiens», soutiennent ses représentants.

Le syndicat estime que plutôt que de réduire leurs services, Poste Canada devrait miser sur les ventes au détail ou le retour de leurs services bancaires, qui ont pris fin en 1968, en prenant exemple sur la Suisse, la France, l’Italie et le Japon qui offrent ce service.

Alain Duguay, président du STTP de Montréal, a d’ailleurs questionné à nouveau les représentants de Poste Canada, mardi soir, sur cette possibilité, au cours d’une séance publique organisée par la Ville de Montréal. Les représentants de Poste Canada qui étaient présents ont toutefois réitéré leur refus d’intégrer ces services dans leur offre, soutenant qu’ils n’en auraient pas les capacités.

Pour M. Duguay, cette décision est «idéologique». Il rappelle qu’une étude sur le sujet a été produite dans la dernière année, mais Poste Canada refuse de la rendre publique. Pour les quelques personnes qui ont réussi à mettre la main sur ce rapport de 811 pages, 701 pages auraient été biffées. Il s’agit là de preuves, selon M. Duguay, qu’il y a anguille sous roche. «C’est l’ancienne présidente de Poste Canada qui a commandé ce rapport et elle était en faveur», souligne-t-il.

Le Conference Board prévoit que Poste Canada, si le volume de courrier continue de baisser, fera face à un déficit de 1G$ en 2020, et même de 400M$ en 2014. Mais puisque Poste Canada s’attend à faire un profit en 2014 – sans donner de détails -, «et même un profit historique, selon nous», ajoute M. Duguay, le président remet en question les arguments de Poste Canada.

Il indique que plusieurs résidants de Repentigny, qui se sont vu imposer les boîtes communautaires dans la dernière année, se disent «mécontents» de ce service. «Il y a beaucoup de graffitis et on doit continuellement enlever les boîtes pour aller les nettoyer», rapporte M. Duguay.

Plusieurs citoyens sont venus présenter leurs préoccupations en lien avec la disparition de la livraison à domicile, mardi soir, au cours d’une assemblée publique de la Ville de Montréal. La majorité s’est inquiétée pour les personnes à mobilité réduite ou ayant un handicap. Poste Canada a tenu à se faire rassurant, promettant que des demandes d’accommodements seront possibles. Les représentants ont notamment indiqué qu’il serait possible de rediriger les courriers à une autre adresse ou à un bureau postal dans un commerce, ou encore de donner des cases postales spécifiques (en bas de la boîte communautaire, ou aux extrémités) pour réduire les difficultés pouvant être rencontrées.

Il y a 100 000 adresses au Québec qui ont vécu le changement de livraison du courrier à domicile vers les boîtes communautaires en 2014, dont 25 000 dans la grande région de Montréal. En 2015, 162 000 adresses dans la grande région de Montréal passeront aux boîtes communautaires dans 12 municipalités, dont Brossard et Pierrefonds. Il n’y a pas de montant prévu pour 2016, actuellement.