La dernière grande fête d’anniversaire de Montréal
À pareille date, il y a 25 ans, Montréal se préparait à fêter le 350e anniversaire de sa fondation. Un peu comme aujourd’hui, tandis qu’approche le 375e anniversaire de la ville, toute une organisation était mise en place pour que la fête soit réussie. Retour sur des célébrations qui ont marqué la métropole.
Rendez-vous en 1992
La ville de Montréal n’avait pas pu souligner son 300e anniversaire avec faste puisqu’en 1942, la Deuxième Guerre mondiale faisait rage. Elle s’est reprise en 1992.
Quatre ans avant l’année des festivités, la Corporation Montréal les fêtes de 1992, qui est devenue par la suite la Corporation des célébrations du 350e anniversaire de Montréal, a été mise sur pied par l’administration de l’ancien maire Jean Doré pour qu’une telle occasion ne soit pas ratée. L’ancien recteur de l’Université de Concordia, Patrick Kenniff, en assurait la présidence.
«Il y avait en plus trois patrons d’honneur: Brian Mulroney, qui était le premier ministre du Canada, Robert Bourassa, le premier ministre du Québec, et Jean Doré, le maire de Montréal», a rapporté le chef de section des archives de Montréal, Mario Robert.
Le président du Canadien de Montréal, Ronald Corey, le haut fonctionnaire, Guy Coulombe, et l’homme d’affaires, Jean Coutu, ont notamment collaboré avec la corporation.
Les festivités ont été lancées au mois de mai et elles se sont terminées au mois d’octobre.
«À l’époque, il y a eu un sondage qui indiquait qu’environ 60% des Montréalais se disaient satisfaits des fêtes. C’est sûr qu’il y a eu des critiques. Souvent, quand on a le nez trop collé sur la vitre, on ne voit pas les impacts. Aujourd’hui, on les voit, les impacts, parce que le Montréal d’aujourd’hui, c’est le Montréal de 1992.» – Mario Robert, chef de la section des archives de la Ville de Montréal
Les legs
«Le Montréal d’aujourd’hui, c’est le Montréal de 1992», a affirmé Mario Robert à propos des legs du 350e anniversaire de Montréal.
Sur l’initiative du maire Doré, le musée Pointe-à-Callière a été érigé sur le lieu de fondation de la ville, ce qui a entraîné une revitalisation du Vieux-Montréal. Fermé au public à partir de 1964, le Marché Bonsecours a rouvert en 1992. Les fonctionnaires qui y travaillaient ont déménagé à côté de l’hôtel de ville, dans le nouveau complexe Chaussegros-de-Léry, qui a remplacé un stationnement à ciel ouvert.
Le stationnement du Champs-de-Mars a aussi été détruit pour laisser place à de la verdure, tout comme celui qui se trouvait à la place Émilie-Gamelin.
En vue du 350e anniversaire, le Biodôme a été inauguré, le Musée d’art contemporain a déménagé et le Musée des beaux-arts a été agrandi. Le Parc des Îles, aujourd’hui appelé le parc Jean-Drapeau, a été réaménagé et la statue de L’homme de Calder a été déplacée à l’endroit où elle se trouve aujourd’hui.
«Deux gratte-ciels ont aussi été construits en 1992: le 1000, de la Gauchetière et la Tour IBM», a ajouté Mario Robert.
De grands spectacles
Pendant les festivités de 1992, la place Émilie-Gamelin est devenue la Place du 350e. Une scène a été disposée tout juste derrière l’édicule du métro de Montréal. Les spectateurs s’assoyaient dans le nouveau parc pour regarder les spectacles.
«J’y ai amené plein d’archivistes du monde entier voir des spectacles», s’est souvenu Mario Robert.
Pour marquer le début des festivités, un défilé carnavalesque a été organisé le 16 mai, la veille de l’anniversaire de la fondation de Montréal. Près de 15 000 figurants et musiciens ont parcouru les boulevards Saint-Joseph et Saint-Laurent, jusqu’au Vieux-Port. Plus de 250 000 spectateurs se sont massés le long du parcours. La soirée s’est terminée avec des feux d’artifice au Vieux-Port.
Au Parc des Îles, trois spectacles à grand déploiement d’une durée de 10 heures chacun ont attiré plus de 170 000 spectateurs. Pas moins de 300 artistes, dont Diane Dufresne, Renaud, Nina Hagen, Joe Cocker et Céline Dion, y ont participé.
Un concours a par ailleurs été organisé pour trouver la chanson du 350e. Le chansonnier Luc Plamondon a dû choisir parmi les 500 œuvres proposées. Celle écrite par Dan Bigras et Christian Mistral a remporté la palme. Intitulée Un bateau dans une bouteille, elle était interprétée par Dan Bigras et Nanette Workman.
Les festivités ont été clôturées par un spectacle de Ginette Reno à la Place du 350e. Environ 15 000 personnes y ont assisté.
Jeanne-Mance
La première infirmière laïque de Montréal, Jeanne Mance, a été reconnue comme étant cofondatrice de Montréal en 2012, mais la réflexion entourant son nouveau statut a commencé en 1992. «Je pense que c’est un des legs de 1992, a mentionné M. Robert.
Il y a eu une exposition qui s’appelle Ces femmes qui ont bâti Montréal et il y a aussi une publication qui date de cette époque sur Jeanne Mance.»
Le 350e anniversaire de Montréal a entraîné une production importante de livres d’histoire qui sont encore aujourd’hui consultés par les historiens et les archivistes. L’historien de renom Paul-André Linteau a notamment écrit L’histoire de Montréal depuis la Confédération. La Ville a de son côté publié des livrets sur chacun de ses quartiers. «Quelqu’un qui s’intéresse à l’histoire de Montréal, tu ne peux pas passer à côté de ces ouvrages», a dit l’archiviste de la Ville de Montréal.