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Un événement pour personnes déficientes en péril

Photo: Yves Provencher/Métro

L’événement D’un œil différent, qui met en lumière depuis 10 ans des artistes ayant une déficience intellectuelle (DI) ou un trouble du spectre de l’autisme (TSA), est menacé de disparaître.

Jusqu’au 15 mars, Étienne Fortin, atteint d’un trouble du spectre de l’autisme, exposera deux de ses œuvres à l’Écomusée du fier monde. «C’est un bateau avec des pyramides, inspiré d’une photo que j’ai vu dans une revue, a expliqué mercredi avec fierté l’artiste devant son tableau. Je cherche à montrer de belles couleurs.»

En plus d’être son activité préférée, la peinture est devenue le métier de M. Fortin. Il y travaille à temps plein au Centre de réadaptation en déficience intellectuelle et en troubles envahissants du développement (CRDITED) de Montréal. «Peindre, ça me fait du bien, ça m’enlève de l’agressivité», a souligné M. Fortin.

Guillaume Lapierre, qui vit avec une déficience intellectuelle, a pour sa part réalisé trois œuvres de l’exposition. «J’aime ça montrer mon talent aux gens. Je m’améliore chaque année», s’est réjoui M. Lapierre.

Sur les 160 artistes ainsi exposés, une grande partie, mais pas tous, sont atteints de DI ou de TSA. Ils suivent des ateliers d’art grâce à divers organismes partenaires. «Les artistes DI ou TSA sont ici considérés comme étant égaux aux autres artistes. Ils se sentent valorisés», estime Geneviève Guilbault, présidente du conseil d’administration D’un œil différent.

Mme Guilbault se rappelle que l’an dernier, une cinquantaine de tableaux avaient été vendus, la plupart venant d’artistes avec une DI ou un TSA. D’un œil différent, c’est aussi plusieurs autres activités pendant deux semaines, dont des spectacles et des ateliers.

Malgré ses impacts positifs, la 10e édition de l’événement sera peut-être la dernière. Le financement qu’ont reçu cette année les organisateurs est beaucoup plus faible que par les années précédentes, si bien qu’ils n’ont pas pu engager l’organisme qui prenait autrefois la plus grande partie de la charge de travail.

«On a tous dû faire jusqu’à une quinzaine d’heures de bénévolat par semaine depuis l’automne pour que cette édition voit le jour, a signifié Mme Guilbault. On n’est pas sûr qu’on va pouvoir tenir comme ça une année de plus.»

L’édition actuelle a d’ailleurs bien failli ne pas voir le jour. «Habituellement, on commence nos démarches dès avril. Mais au début de l’automne, on n’avait toujours rien reçu de la part des fondations qui nous financent habituellement», a rapporté Mme Guilbault.

En période d’austérité, les organismes communautaires sont plus que jamais à la recherche de financement, ce qui a un impact sur la capacité des fondations de fournir à la demande, croit Mme Guilbault.

La Fondation québécoise de la déficience intellectuelle (FQDI), leur principal soutien, a aussi subi une diminution de ses dons à la suite d’un scandale. Il y a environ un an et demi, les médias avaient rapporté que des organismes mal intentionnés utilisaient des boîtes de dons semblables à celles de la FQDI pour s’enrichir.

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