Soutenez

Des toits verts plus nombreux, mais plus petits

Photo: Collaboration spéciale

La construction de toits verts au Québec fera bientôt l’objet de normes standardisées. La Régie du bâtiment du Québec (RBQ) a en effet présenté lundi ses lignes directrices pour les toits verts. Un guide de normes salué, malgré quelques critiques, en attendant l’entrée officielle des toits verts dans le Code national du bâtiment.

Le document présenté lors du Sommet sur l’évolution des toitures végétalisées au Québec, qui a lieu à Montréal lundi, vise avant tout à encadrer la construction de toits verts qui gravitaient jusqu’ici dans un flou technique et administratif, ce qui compliquait le processus d’approbation. «Le respect des mesures contenues dans le guide servira à faciliter l’obtention des permis de construction par les arrondissements sans la nécessité de passer par des demandes de mesures différentes», indique Marie-Anne Boivin, chef de produit chez Soprema, qui a participé au processus de consultation lors de la conception du guide.

Ces nouvelles normes ne font pas le bonheur de tous. Si le porte-parole de Projet Montréal en matière d’environnement, Sylvain Ouellet, se félicite de la démarche de la RBQ qui «mettra fin à une forme de moratoire sur les toits verts», il déplore du même souffle «des nouveaux critères trop restrictifs qui nuiront à la construction de toits verts chez les petits propriétaires».

Par exemple, pour limiter les risques de propagation en cas d’incendie sur un toit vert mal entretenu, la largeur de la bande de graviers entre la partie végétalisée et le bord du toit passera de 50 centimètres à 90 alors qu’elle n’était que de 30 cm avant, ce qui nuirait à l’ampleur des projets sur des triplex. En outre, la hauteur des arbustes ne pourra pas dépasser 1m20. Un toit vert avec des arbres tels que celui de l’hôtel Hilton Bonaventure deviendrait quasi impossible.

L’architecte Owen Rose, qui se spécialise dans les toits verts, nuance ces propos. «Les projets sur des édifices de moins de trois étages et six logements resteront majoritairement sous la juridiction de la Ville de Montréal, dont les normes sont plus souples», dit-il.

M. Rose se réjouit que le guide de la RBQ ait évolué par rapport à la première proposition. «Ça évitera d’étouffer l’industrie du toit vert avec des contraintes trop importantes, dit-il. On demande désormais que le guide soit mis à jour dans les 12 prochains mois pour refléter l’évolution de certains travaux scientifiques sur le sujet.»

«Notre mandat à la RBQ, c’est avant tout de s’assurer que les constructions soient de qualité et sécuritaires. Les toits verts n’y font pas exception», souligne Marie-Claude Masson, porte-parole de la Régie du bâtiment du Québec. Cette dernière souligne que la Régie a assoupli plusieurs de ses dispositions initiales telles que celle prohibant tout nouveau toit végétalisé sur des constructions existantes. Une proposition qui en avaient fait bondir plusieurs.

Si la Régie insiste sur le fait qu’elle est la première province à établir un cadre règlementaire pour les toits verts, M. Ouellet souligne que la France a adopté ce mois-ci une Loi forçant les nouveaux bâtiments commerciaux à intégrer des toitures végétalisées ou des panneaux solaires sur une partie de leur toiture.

«À l’heure où l’on parle beaucoup d’augmentation de la canopée, de rétention des eaux de pluie et de réduction des îlots de chaleur, les toits verts offrent une bonne solution tout en favorisant la biodiversité». En analysant les différentes recherches faites sur le sujet, ce dernier s’est rendu compte qu’un toit vert retient environ 50% de l’eau de pluie, diminue la facture énergétique et retarde de deux heures le débit de pointe dans les égouts, limitant ainsi les épisodes de surverse où les égouts se déversent directement dans le fleuve faute de pouvoir être traités à l’usine d’épuration.

«C’est sûr qu’un seul toit vert ne fera pas la différence, mais si le concept devenait systématique pour toute nouvelle construction d’une certaine taille, la mesure aurait un impact dans plusieurs années, comme par exemple avec les toits blancs dans Rosemont», clame M. Ouellet. Il note que leur coût rendrait nécessaire l’instauration de subventions gouvernementales étant donné que les toits verts offrent des bénéfices à la collectivité et pas juste à leurs propriétaires.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.