Soutenez

Pas de conception de ponts à l’interne entre 1979 et 2014

Photo: Yves Provencher/Métro

Les ingénieurs de la Division des ponts et tunnels de la Ville de Montréal n’ont fait aucune conception de ponts ou de passerelles à l’interne entre 1979 et 2014.

La Ville a accordé la semaine dernière un contrat de reconstruction de la passerelle piétonne Barr, située dans l’arrondissement de Saint-Laurent. La conception des plans et devis a été faite pour la première fois en 35 ans, pour un pont, par les ingénieurs à l’interne. La dernière fois que les ingénieurs de la Division des ponts et tunnels ont participé à la conception d’un pont, c’était en 1979, pour le pont Galt au-dessus du canal de l’Aqueduc, peut-on lire dans des documents de la Ville.

Pourtant, seulement entre 1990 et aujourd’hui, 149 ponts ont été construits à Montréal, en plus des réfections, selon ce qu’indique la Ville à Métro.

«[C’est] à la suite d’efforts de la part de la Division des ponts et tunnels pour renforcer son expertise à l’interne [que la conception de ce pont a pu être faite à l’interne], a commenté le responsable des infrastructures au comité exécutif de la Ville de Mont­réal, Lionel Perez, lors de l’attribution du contrat pour la passerelle Barr. Alors ça augure bien. On a beaucoup de projets. On ne veut pas tout faire à l’interne, mais c’est un autre exemple où on renforce notre expertise interne.»

À la Ville, on indique qu’un «manque de ressources» explique l’absence de conception à l’interne des ponts de Mont­réal depuis 1979. Il n’y avait, à titre d’exemple, que 3 employés dans l’équipe de conception de la Division des ponts et tunnels en 2012, soit 2 ingénieurs et 1 technicien, alors que maintenant on en compte 10, soit 6 ingénieurs et 4 techniciens.

Pour le vice-président du Syndicat professionnel des scientifiques à pratique exclusive de Montréal, André Émond, qui représente les ingénieurs de la Ville, cette nouvelle n’est qu’un «écran de fumée». Il affirme qu’il n’y a pas de volonté réelle de la Ville de renforcer l’expertise interne. «Les grands projets sont encore donnés à des firmes externes, à coups de dizaines de millions de dollars. Dans le cas de la réfection du pont Rockland, par exemple, qui est la plus grosse reconstruction qui va avoir lieu à Montréal, la conception et la surveillance ont été accordées à des firmes externes», fait-il remarquer.

Selon lui, il y a un grand roulement d’ingénieurs dans cette division de la Ville et «il n’y a plus aucun ingénieur de plus de 10 ans d’expérience à la Ville dans cette division», observe-t-il. Plusieurs départs auraient été constatés dans les dernières années, dont ceux des ingénieurs les plus expérimentés.

«Avant, les ingénieurs du ministère des Transports venaient chez nous; maintenant, nos ingénieurs partent chez eux, s’inquiète M. Émond. Il n’y a rien qui avance et l’expertise ne se développe pas quand il y a autant de roulement.»

Pour expliquer ces nombreux départs d’ingénieurs expérimentés, M. Émond rappelle que «ça fait cinq ans qu’on n’a pas de convention collective. Je suis au même salaire qu’en 2010. Ce n’est pas tentant de venir à la Ville», dit-il, frustré de la situation.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.