Soutenez

[CurioCité] Quels sont les effets positifs et négatifs de la revitalisation de certains quartiers montréalais pour la population qui s’y trouve?

La gentrification est un processus à travers lequel des habitants plus aisés déménagent et s’approprient un quartier traditionnellement ouvrier ou plus modeste, rehaussant son niveau de vie, mais en délogeant par le fait même les habitants de longue date, plus démunis, en exerçant une pression à la hausse sur les loyers.

À Montréal, ce phénomène s’observe dans de nombreux quartiers, du Plateau-Mont-Royal à Saint-Henri, mais aussi à Griffintown, Hochelaga-Maisonneuve, dans l’ouest de Rosemont, dans Villeray et même à Verdun. Sa définition même porte en elle des effets négatifs de ce phénomène urbain, soit le déplacement des habitants les moins aisés de leurs quartiers.

«Tant qu’on est dans un système de marché [de logement] privé, ceux qui ont plus de moyens vont toujours avoir plus de pouvoir dans ce marché, affirme Damaris Rose, professeure de géographie urbaine et sociale à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). C’est pour ça que la gentrification des quartiers populaires est ressentie comme une invasion. Il y a un risque réel, dans un marché résidentiel privé, que les logements et les terrains soient entre les mains des gens qui ont plus de pouvoir économique.»

Il existe toutefois des côtés positifs pour les habitants de ces quartiers qui ne sont pas délogés, notamment au niveau de l’offre commerciale. «Il devient plus attirant pour certains types de commerces de s’installer dans ces quartiers gentrifiés, précise Mme Rose. Et je ne parle pas des boutiques spécialisées qui ne servent que les gentrificateurs, mais des supermarchés qui vont servir à tout le monde, par exemple.» Les quartiers plus pauvres souffrent souvent de l’absence de commerces de proximité. L’arrivée d’une masse critique de gens qui possèdent un certain pouvoir d’achat peut remédier à cette situation.

Les nouveaux habitants peuvent aussi exercer une pression positive pour améliorer l’environnement des quartiers. Les familles plus aisées avec enfants, par exemple, peuvent entrainer l’amélioration des parcs, ou faire en sorte que de nouveaux parcs soient créés. «Ça peut être bénéfique pour tout le monde. Le problème c’est qu’une fois qu’un quartier est plus beau du point de vue environnemental, ça aussi risque d’exercer une pression sur les loyers. On revient toujours sur le fait qu’il faut protéger les gens qui sont en place pour qu’ils puissent rester», croit la professeur Rose.

Un nouveau phénomène
Damaris Rose distingue la gentrification d’un phénomène plus récent, la «youthification».

«C’est l’idée qu’il y a une nouvelle génération de jeunes qui désirent vivre dans les quartiers centraux, qui ne désirent pas avoir de permis de conduire. C’est un phénomène qui dépasse la gentrification, parce que ces jeunes-là n’ont pas nécessairement des revenus hyper élevés, mais ils vont avoir des revenus plus élevés que les résidents traditionnels des quartiers populaires. C’est un enjeu important qui ne peut pas être réduit à la gentrification au sens classique», décrit Mme Rose.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.