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La deuxième famille d’Abir Youssef

Photo: Josie Desmarais/Métro

Syrienne d’origine, Abir Youssef a accompagné depuis le début de l’hiver 78 réfugiés syriens parrainés par l’État qui se sont établis à Montréal, comme s’il s’agissait de sa propre famille.

Lors de la visite de Métro mercredi, Abir aidait les membres de la famille Sheikho à s’inscrire à des cours de francisation. Elle avait été présente dès leur arrivée, le 4 janvier, pour les accueillir, leur expliquer tous les services disponibles, faire avec eux une demande d’aide sociale et l’inscription des enfants à l’école, trouver un logement, les aider à déménager, les accompagner au Dollarama et à l’épicerie.

Seule intervenante d’origine syrienne du Centre social d’aide aux immigrants (CSAI), elle est le point de référence de ces nouveaux arrivants. «Par ma présence, ils se sentent moins seuls, a indiqué Abir, traduisant de l’arabe les propos adressés à Métro par M. et Mme Sheikho. Ils voient que j’ai réussi à travailler et à m’intégrer au Canada. Ça les persuade qu’ils peuvent le faire eux aussi.»

Mère de quatre enfants, Abir a quitté la Syrie en 2002 pour faire des études en biotechnologies en France. Au Québec, elle a étudié en ressources humaines. Elle a décroché un stage au CSAI en novembre dernier, avant d’être engagée en janvier.

Les parents d’Abir, ses frères et sa sœur vivent toujours en Syrie. «Je voudrais qu’ils viennent ici, mais c’est impossible, s’est-elle désolée. Les enfants de mes frères pleurent tout le temps à cause de la guerre. Je n’ai jamais eu l’occasion d’essuyer leurs larmes.»

Dans ce contexte, son nouveau travail compte beaucoup pour elle. «C’est la seule chose qui compense un peu à l’intérieur de moi pour le fait que je ne peux rien faire pour ma famille, a-t-elle livré avec émotion. Les prendre dans mes bras parfois, surtout les enfants, quand ils m’appellent «tante», ça compte beaucoup pour moi.»

«Les choses que j’aimerais faire pour ma famille en Syrie, j’essaie de les faire pour les nouveaux arrivants ici.» -Abir Youssef, intervenante au CSAI

La famille Sheikho

M. et Mme Sheikho et leurs cinq enfants, aujourd’hui âgés de 3 à 14 ans, ont quitté la ville d’Alep, dévastée par la guerre, il y a environ trois ans. Ils ont alors rejoint le Liban. Lorsque le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés leur a proposé de venir s’installer au Canada, ils ont immé­diatement accepté.

«D’ici un an, je voudrais que nous parlions français, que j’aie un travail comme soudeur et que nous ayons oublié l’horreur que nous avons vécue en Syrie», a confié Muhieddine Sheikho.

Sa femme et lui rêvent aussi que d’autres membres de leur famille puissent les rejoindre.

À la mi-mars, ils ont participé à un repas de cabane à sucre avec d’autres réfugiés servis par le CSAI. «C’était notre première sortie typiquement canadienne, comme une première étape vers l’intégration. C’était aussi l’occasion de se rapprocher des autres familles», a souligné Nawal Sheikho.

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