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Doublé d’altruisme à C2 Montréal

Photo: Roxane Léouzon/Métro

En plus de permettre de faire de l’argent, l’entrepreneuriat peut aider les personnes les plus marginalisées de la société. C’est le pari qu’ont fait – avec succès – plusieurs conférenciers de l’événement d’affaires C2 Montréal, qui se déroule à guichets fermés jusqu’à aujourd’hui. Métro vous en présentent quelques-uns durant les trois jours de l’événement.

L’entrepreneuriat sans discrimination
L’emploi est une notion dépassée, d’après Muhammad Yunus, père du microcrédit et récipiendaire du prix Nobel de la paix 2006.

«Arrêtez de chercher du travail, créez votre travail, a plaidé l’économiste bangladais devant l’auditoire de C2 Montréal. Tous les gens sont entrepreneurs. Il s’agit de les encourager.»

La preuve, M. Yunus a expliqué comment il a amené plusieurs mendiants, au Bangladesh, à faire du commerce. «Grâce à un de nos programmes, nous avons donné de l’argent aux mendiants en concluant un accord avec eux. Ils devaient l’utiliser pour se procurer de la marchandise à vendre. Environ 25 % d’entre eux ont arrêté de mendier.»

Le créateur de la «banque des pauvres», la Grameen Bank, a commencé dans les années 1970 à faire des tout petits prêts à des paysans bangladais afin qu’ils puissent réaliser leurs projets, alors que ces derniers ne réussissaient pas à en obtenir auprès des banques. «Le système bancaire est mauvais. Il donne seulement de l’argent à ceux qui en ont déjà et non à ceux qui en ont besoin», a-t-il allégué.

À cette époque, M. Yunus a justement tenté de s’associer à une banque pour permettre aux pauvres d’accéder au crédit. Sans succès. «N’attendez personne. Trouvez une bonne idée et réalisez là vous-même», a-t-il conseillé.

Il a donc fondé sa banque lui-même, et celle-ci a commencé à opérer en 1983. Depuis, elle a fait des émules partout dans le monde. Des répliques du modèle de la Grameen Bank ont vu le jour dans une centaine de pays.

L’entrepreneuriat, c’est bien, mais surtout si ça n’a pas pour but premier de s’enrichir, selon M. Yunus. «Il doit plutôt servir à résoudre des problèmes sociaux, juge-t-il. Notre civilisation est basée sur l’avarice. On peut pourtant créer un monde dans lequel on veut vivre.»

ACTU - Nyla Rodgers

Garder espoir en l’humanité
«J’ai appris à propos de l’avenir en écoutant des films comme Star Wars, a imagé Nyla Rodgers devant un auditoire conquis. Il y a des dictateurs cruels, des conditions de vie difficiles, mais à la fin, c’est le bien qui l’emporte. Je crois que le pire de l’humanité est derrière nous et que nous sommes dans les cinq dernières minutes du film, au moment où tout est possible.»

Dans sa grande robe colorée, Nyla Rodgers respire l’espoir et la sérénité. Elle dit avoir choisi l’amour plutôt que la peur après la mort de sa mère, en 2007. Afin de réaliser le rêve de sa mère, elle s’est envolée vers le Kenya pour rencontrer l’orphelin parrainé par cette dernière. Elle a alors constaté que sa mère avait fait un don de 1 000 $ qui avait complètement transformé une communauté de femmes. C’est à ce moment qu’elle a décidé de fonder son propre organisme, Mama Hope.

Mama Hope met des entrepreneurs de partout dans le monde en lien avec des leaders de communautés africaines pour réaliser des projets durables. «Quand nous allons dans les communautés, nous leur demandons : quel est votre rêve pour l’avenir? Ce sont eux qui détiennent la clé de leur futur», explique celle qui a auparavant travaillé au sein de divers organismes internationaux.

«Combattre la terreur, les tragédies et le réchauffement climatique nous amène souvent à entrevoir l’avenir avec désespoir. Je nous lance le défi de garder espoir.» –Nyla Rodgers

À ce jour, ses projets visant à améliorer la santé, l’éducation et l’accès à la nourriture et l’eau potable ont touché environ 150 000 personnes. Il y a par exemple celui d’une femme du Malawi, qui est revenue dans sa communauté pour construire et diriger une école après avoir eu la chance d’étudier en Grande-Bretagne. Il y a aussi celui d’un homme qui a mis sur pied une clinique médicale pour éviter que les mères meurent en couches en tentant de se rendre à l’hôpital, à 2 heures 30 de leur village.

Grâce à son programme Change Agents, les citoyens peuvent également s’engager à donner 1 % de leur salaire à des projets d’éradication de la pauvreté. L’Américaine a aussi à cœur de changer la façon dont les médias représentent l’Afrique. Ses campagnes vidéo présentant «des histoires que les Africains veulent qu’on sache à leur propos» connaissent un grand succès, récoltant des millions de vues.

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