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Les «briseurs de grève» irritent dans le Vieux-Port

Photo: Marc Daneau/collaboration spéciale

Les «briseurs de grève» dans le Vieux-Port de Montréal irritent les travailleurs en grève, et le syndicat «analyse» la situation pour savoir s’il choisira de contester leur présence.

Une soixantaine de «travailleurs non-syndiqués» prennent la relève des employés du Vieux-Port de Montréal depuis le début de leur grève, le 27 mai.

Les syndiqués du Vieux-Port, employés du gouvernement fédéral, ont amorcé une grève en raison de négociations qui achoppent – surtout sur la question salariale – en vue du renouvellement de leur convention collective, échue depuis le 31 mars dernier.

La Société du Vieux-Port de Montréal (SVPM) a demandé à ces travailleurs non-syndiqués de gérer la billetterie et le pré-paiement du stationnement ainsi que la logistique des festivals sur son territoire pendant la grève «en raison d’un manque de personnel», indique Sophie Morin, directrice des communications pour la SVPM. La Plage et la Tour de l’Horloge, le Port d’escale, le Centre des sciences et le cinéma IMAX TELUS restent toutefois fermés.

Une firme de sécurité a également été embauchée pour assurer la sécurité des visiteurs qui arrivent à pied, à vélo et en auto sur le site bordé par le fleuve et une voie ferrée.

Le Code canadien du travail, qui encadre les employés fédéraux, n’interdit pas le recours aux travailleurs de remplacement durant un arrêt de travail.

«Chaque compagnie qui relève du fédéral utilise des «scabs» quand elle peut, affirme Marie-Pier Simard, responsable des communications au Syndicat des employés du Vieux-Port de Montréal. C’est illogique que la province de Québec ait une loi anti-briseurs de grève, mais que ça ne s’applique pas pour nous. Nous travaillons pour le lieu le plus visité du Québec et il y a des «scabs».»

Questionné sur cette situation, le ministère de l’Emploi du Canada mentionne toutefois que le Code canadien du travail, qui encadre les employés fédéraux, «a une disposition qui empêche l’utilisation de travailleurs de remplacement lorsque le but est de porter atteinte à la capacité de représentation d’un syndicat».

Ottawa ajoute que le syndicat peut déposer une plainte par écrit au Conseil canadien des relations industrielles, s’il le juge nécessaire. Le gouvernement estime que le Code fournit un «un juste milieu entre le désir des syndicats d’interdire complètement le recours aux travailleurs de remplacement et la position des employeurs ne voulant aucune restriction».

Le Syndicat est au courant de ce paragraphe dans le Code canadien du travail, mais croit que la loi n’est pas claire. «Il y a une zone grise, soutient Mme Simard. Si on conteste, on n’est pas certains de l’emporter.» Le Syndicat «analyse» présentement la situation.

La députée de Jonquière pour le Nouveau parti démocratique (NPD), Karine Trudel, a présenté en février dernier un projet de loi à la Chambre des communes qui vise à modifier le Code canadien du travail afin d’empêcher en tout temps les briseurs de grève, autant sur les lieux de travail qu’en télétravail. «On en est rendu là. Lorsqu’on se retrouve avec des briseurs de grève, ça brime la liberté d’expression des travailleurs. Ça empêche les discussions régulières avec l’employeur, parce qu’il n’y a aucune pression exercée, car l’entreprise continue de fonctionner. Mon projet de loi permet des négociations d’égal à égal», insiste Mme Trudel.

Le ministère de l’Emploi précise toutefois qu’il n’a pas l’intention actuellement de changer le Code canadien du travail.

Un tel projet de loi a déjà été présenté 11 fois à la Chambre des communes en 14 ans, toujours par des députés du NPD ou du Bloc Québécois, mais il n’a jamais été adopté.

Seulement deux provinces au Canada ont des lois anti-briseurs de grève, soit le Québec et la Colombie-Britannique.

Photos des grévistes

Les syndiqués disent également avoir été photographiés par certains de ces «scabs» habillés en civils qui se seraient présentés comme «des touristes de Québec». Le syndicat a ensuite reçu une injonction du SVPM exigeant d’eux que leurs manifestations se fassent à l’extérieur du site du Vieux-Port.  «Les affidavits étaient signés par deux de ces briseurs de grève», soutient Mme Simard, après avoir effectué des recherches sur ces noms.

Une information que le SVPM ne peut pas confirmer. «Je n’ai pas entendu parler de ça, dit Mme Morin. Les syndiqués connaissent les gestionnaires de sécurités [qui ne sont pas en grève], et ils savent que nous avons des caméras de surveillances sur le site», a-t-elle simplement ajouté.

La députée Karine Trudel, dit avoir déjà constaté une situation semblable lors du lock-out des employés de la Corporation des concessionnaires automobiles, qui a pris fin au début 2016. «L’employeur avait embauché une firme pour aller photographier les employés lors de leurs manifestations et vérifier même jusqu’au décibel près le bruit des sifflets. C’est des pratiques courantes que les employeurs utilisent pour faire de l’intimidation», regrette-t-elle.

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