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Paul St-Pierre Plamondon: «J’ai confiance en l’intelligence de la population»

Paul St-Pierre Plamondon, PSPP, en veut plus pour le français.
Paul St-Pierre Plamondon Photo: Chantal Lévesque/Métro

Le nom du nouveau chef du Parti québécois (PQ) sera connu le 7 octobre. À l’occasion de cette course à la direction du parti, Métro a rencontré chacun des quatre candidats. Première de notre série d’entrevues  publiées jusqu’à jeudi, dont l’ordre de parution a été tiré au sort: Paul St-Pierre Plamondon.

Pourquoi avoir choisi de nous rencontrer à La Bête à pain?
C’est ici que, le plus souvent, je me suis posé pour répondre aux questions des internautes. Dès le début de ma campagne, il s’écrivait toutes sortes de choses à mon égard: j’étais un conservateur, un libéral, un péquiste, un Québec solidaire gauchiste… Mon approche a été de dire: «Vous avez des questions? Amenez-les.» Lors de mon premier échange Reddit, j’ai passé la journée à La Bête à pain, sur la terrasse, avec un ordinateur, à répondre aux internautes. C’est symbolique de la campagne que j’ai menée, très axée sur les médias sociaux, qui rejoignent une clientèle plus jeune.

En 2014, au moment où vous avez publié un essai sur les orphelins politiques, on vous a reproché de ne pas investir un parti existant. Votre par­ticipation à la course à la chefferie du PQ découle-t-elle de cette pression?
Quand j’étais orphelin poli­tique, on me disait: «C’est déplorable que tu n’aies aucun engagement en politique.» Et quand j’ai fait le saut en politique active, on m’a dit: «Tu n’es pas à ta place, tu n’as pas d’expérience.» J’ai l’impression que peu importe ce qu’on fait, il y a une critique. J’entends souvent qu’on ne veut plus de politiciens de carrière qui mènent de vieilles politiques. Moi, je suis tous sauf ça, et mon CV n’a pourtant rien à envier à celui des autres candidats.

Les tensions entre vos trois adversaires [Alexandre Cloutier, Jean-François Lisée et Martine Ouellet] ont fait les manchettes la semaine dernière. Vous sentez-vous à l’écart de l’attention médiatique?
On ne m’a pas vu dans les médias et ça s’explique ainsi: il n’y a aucune discussion sur l’avenir du Québec. Il n’y a que des attaques personnelles, des accusations et des déchirements sur la place publique, et ça me place dans un dilemme: est-ce que je m’insère dans cette cohue pour avoir moi aussi de la place médiatique ou est-ce que je refuse ce genre de politique? Je ne veux pas jouer dans ce film-là.

Croyez-vous avoir une chance de l’emporter?
Je sais que les intentions de vote en ma faveur sont en croissance. Tout peut arriver en démocratie, il ne faut jamais rien présumer. Mon but était de mener une campagne de qualité. Je suis fier de ce que je fais.

«J’ai toujours bien gagné ma vie, mais j’ai toujours fait de la place à des activités qui donnent du sens à ma vie. Avec ma campagne, ça fait cinq mois que je n’ai pas de revenu, mais je pense que ce que je fais est important.» -Paul St-Pierre Plamondon

Vous évoquez souvent l’intelligence de la population. Croyez-vous que les politiciens ne la prennent pas assez en compte?
Les libéraux, surtout [rires]. Je ne sais pas si les libéraux se sont penchés sur l’existence possible de l’intelligence de la population. Ils ont aboli tous les endroits où les citoyens peuvent se pencher sur notre avenir. Moi, je dis aux gens: «Vous faites partie de la solution et vos idées seront montées vers le haut et non pas l’inverse, où une poignée de personnes vous diront quoi faire.» Dans toute la discussion sur comment bâtir un pays et comment réinitier le dialogue sur la souveraineté, je suis le seul à dire qu’il faut d’abord être dans une relation de confiance avec la population en étant dans une logique de service public. Quand on regarde la carrière de René Lévesque, il était là d’abord et avant tout pour aider du monde. C’est cette mentalité et ces valeurs que je veux revoir au Parti québécois.

Vous voulez confier à la population la décision de déclencher un référendum dans un deuxième mandat. Mais si la population n’en veut pas?
C’est à elle de décider. J’ai confiance en l’intelligence de la population sur cette question. On ne pourra pas demeurer dans cette instabilité chronique qui a été générée par le fait qu’on a voté Non deux fois pour le reste de notre histoire. Un jour, les gens décideront qu’il est temps d’écrire un nouveau chapitre dans l’histoire du Québec, mais jamais je ne les contraindrai à parler de référendum. C’est la pire façon d’ouvrir un dialogue.

Comment avez-vous su que vous étiez souverainiste?
J’ai voté Oui en 1995. Dans les années 2000, j’ai cherché des solutions pour réintégrer le Québec dans le Canada, étant donné que le Non avait passé. Mais avec le temps, en constatant qu’il n’y a aucune volonté de réintégration du Québec, que le Quebec bashing est seulement à la hausse et que nos intérêts économiques ne sont pas bien servis, je me suis dit: «Assez, c’est assez, on mérite mieux que ça.»

Selon vous, quel serait le geste prioritaire à faire pour faciliter l’intégration des nouveaux arrivants?
Réinvestir dans la francisation, qui devrait être obligatoire, ainsi que dans les outils pour trouver de l’emploi, parce qu’il y a toujours une période d’adaptation dans un nouveau marché du travail. L’État ne peut pas simplement faire venir des gens et leur dire: arrangez-vous. Il doit s’investir dans la formation de ces gens pour qu’ils aient tous les outils pour aller au bout de leur potentiel. À ce moment-là, l’identité québécoise va rejaillir pour tous, parce qu’une société juste et méritocratique crée l’appartenance, alors qu’on le voit en Europe, les sociétés injustes et discriminatoires créent de la frustration et de la contre-identité.

L’électrification des transports est-elle une mesure prioritaire, à votre avis?
Oui. C’est fou qu’on ait toute cette technologie et ces ressources hydroélectriques et qu’on ne soit pas leader en Amérique du Nord en la matière. C’est honteux. Non seulement il y a des retombées  positives environnementales, mais c’est aussi une excellente manière de créer de l’emploi.

Vous avez été avocat d’étudiants grévistes en 2012, mais vous n’êtes pas pour la gratuité scolaire. Pourquoi?
Je suis peut-être le seul candidat qui a essayé la gratuité scolaire en faisant des études en Suède et au Danemark. Le modèle scandinave est mal compris. En Suède, c’est gratuit, mais les places sont limitées, c’est très contingenté. Alors qu’ici, on est dans une logique de donner l’accès au plus grand nombre possible. Quand j’étais avocat des carrés rouges, je défendais le modèle québécois. Il faut qu’il y ait des frais mais qu’ils ne soient pas une barrière à l’entrée.

Croyez-vous que les frais actuels sont trop élevés?
Il nous manque de savoir sur la question. Je serais ouvert à considérer une légère baisse des frais si on se rendait compte qu’on pourrait encourager l’éducation et le capital humain québécois grâce à ça.

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