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Jean Chrétien à TLMEP: «Si on parle encore français, c’est parce que le Canada existait»

Jean Chrétien sur le plateau de Tout le monde en parle Photo: ICI Radio-Canada Télé

L’ancien premier ministre du Canada, Jean Chrétien, a affirmé dimanche soir que si les Québécois parlent toujours français de nos jours, «c’est parce que le Canada existait à l’époque». Il était sur le plateau de Tout le monde en parle (TLMEP) pour y présenter son nouveau livre Mes histoires, un récit de ses souvenirs politiques, 25 ans après son élection à la tête du pays.

Aussi invité à l’émission, l’auteur-compositeur-interprète Serge Fiori a demandé à M. Chrétien pourquoi il n’était pas capable de reconnaître la beauté du Québec comme un pays, «dans sa langue, dans ses institutions, dans ses ressources».

«Vous n’êtes pas de mon avis, mais écoutez-moi. Si on a gardé notre langue, c’est parce que nous, Canadiens-Français de l’époque, on a décidé de rester avec la couronne britannique, qui nous offrait des meilleures garanties du point de vue de notre religion et de notre culture», a-t-il dit.

«Les francophones du nord des États-Unis sont disparus, mais nous, on ne va pas mal, on va très bien», a-t-il ajouté. Si on avait pris la décision de quitter le Canada, on aurait perdu notre langue. Et on l’a gardée.»

Une position avec laquelle Denise Bombardier, qui était sur le plateau de TLMEP dimanche, n’était pas du tout en accord. «On ne peut pas dire ça, M. Chrétien. À peu près toutes les communautés francophones ont disparu au Canada. C’est le nationalisme québécois qui a été un vecteur pour permettre aux Français d’exister, de persister», a-t-elle dit.

Appelé à commenter le sujet de l’heure – la légalisation du cannabis –, l’ancien premier ministre s’est dit «d’accord» avec l’idée, même s’il ne consommera pas de pot. Le hic, selon lui, ce sont les problèmes de juridiction qui y sont associés. «Ça crée de la tension dans la fédération, mais on veut avoir cette décentralisation des pouvoirs avec les provinces et les municipalités. Avec le temps, ça va se résoudre», a-t-il affirmé.

À l’image de ce que Pierre Elliott Trudeau lui avait dit lors de son accession au pouvoir, Jean Chrétien indique avoir expliqué à Justin Trudeau, son fils, «qu’il peut faire les choses différemment», «mais qu’il a les bonnes valeurs canadiennes», celles qui sont les mieux représentées «par le Parti libéral, selon moi».

La Nuit des Longs Couteaux
Jean Chrétien est aussi revenu sur cette nuit du 4 novembre 1981, quand l’acte constitutionnel de 1982 avait été accepté par ce même Pierre Elliott Trudeau. Or, le Québec n’avait pas été intégré à celui-ci, et René Lévesque n’avait pas été mis au courant de la situation, depuis la ville de Hull. C’est ce qu’on a appelé plus tard au Québec la Nuit des Longs Couteaux.

Procureur général à l’époque, Jean Chrétien est alors chargé de négocier avec ses collègues provinciaux. Dans son livre, il qualifie notamment de «fake news» la façon dont on lui reproche aujourd’hui d’avoir trahi le Québec pendant ces négociations.

«Je suis arrivé à la maison à 23h et j’avais plusieurs appels de la Colombie-Britannique. Trudeau m’avait dit que si j’avais 7 provinces représentant 50% de la population, la formule d’amendement était acceptée.»

«Dans l’esprit des gens, j’ai passé la nuit à me promener d’une chambre à l’autre avec des provinces. Mais j’étais chez moi, dans le même lit que ma femme», a-t-il lancé.

Il dit avoir proposé «un bon deal» à l’époque au gouvernement du Québec. On lui aurait alors répondu de ne pas «perdre son temps». «On m’a dit qu’on ne signera jamais rien de toute manière, parce qu’on est séparatistes et qu’on veut sortir du Canada, donc qu’on allait pas signer une nouvelle condition.»

Sur une note plus légère, Jean Chrétien est aussi revenu sur un moment très spécial de sa carrière. «C’était à Yellowknife. Il y avait 3000 personnes et le maître de cérémonie devait s’avancer pour chanter le Ô Canada. Il était gêné, il m’a demandé d’y aller. Je me suis levé, je suis allé chanter, a-t-il expliqué sous les rires de la foule. Mais moi, je chante le Ô Canada en français. Et personne ne m’a suivi. J’avais des grosses sueurs. Ma femme n’a jamais eu aussi honte de sa vie.»

Ce n’est que quelques mois plus tard, quand M. Chrétien a recroisé le prince Charles, que celui-ci lui a confié que ce moment inoubliable «faisait maintenant partie du folklore royal».

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