Chefferie du PLC: des chiffres gonflés

En annonçant, la semaine dernière, qu’il y avait près de 300 000 personnes qui pourraient voter à l’élection de son prochain chef, le Parti libéral du Canada (PLC) a joué sur la définition du terme «sympathisant» pour gonfler ses chiffres.

Julie (nom fictif), une Montréalaise qui désire garder l’anonymat, a reçu une lettre à son domicile du parti lui indiquant qu’elle s’était «récemment» inscrite comme «sympathisante». Sur celle-ci, on peut lire son adresse actuelle, un vieux numéro de téléphone et sa date de naissance. «Je ne comprends pas : mon seul lien avec eux est un ami de ma sœur, un militant libéral, qui m’avait inscrite au parti sans mon consentement, en 2006 ou 2007, a raconté la jeune femme à Métro. J’avais appelé pour être certaine qu’ils n’avaient plus de traces de moi. Ce qu’ils m’ont promis…»

Le militant l’avait toutefois inscrite sous son ancienne adresse et, depuis, elle a déménagé à deux reprises. La porte-parole du PLC, Sarah Bain, s’explique mal comment ses coordonnées ont été mises à jour, sans que Julie les contacte.

Mme Bain lui a promis d’enquêter sur les événements et de retirer son nom des listes de sollicitation.

La porte-parole concède néanmoins qu’il est possible que d’autres personnes aient été inscrites à leur insu par courriel. Elle rappelle que les règles de la course obligent les «sympathisants» à franchir d’autres étapes avant de devenir «électeurs», en répondant à une série de questions. Le PLC avait décidé qu’outre les membres du parti, les Canadiens «sympathisants» pourraient aussi voter pour le remplaçant de Michael Ignatieff.

Quelle est la valeur du mot «sympathisant» si quelqu’un peut le devenir malgré lui, se demande maintenant Julie.

Un inscrit, un vote… pas forcément
Si 294 002 «membres et sympathisants» du PLC sont inscrits pour la course à la chefferie, moins du tiers aurait franchi les étapes nécessaires leur permettant d’avoir une voix au scrutin. À quelques heures de la date limite de jeudi, environ 89 000 personnes se seraient inscrites et rien ne garantit qu’elles voteront à partir du 6 avril.

L’année dernière, environ 59 000 personnes, soit moins de la moitié des membres du NPD, avaient participé au vote qui avait élu Thomas Mulcair. Chaque électeur était toutefois un membre en règle du parti, a rappelé un porte-parole du NPD.