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Des milliers de dollars destinés aux immigrants inutilisés

Un projet-pilote met à la disposition des immigrants professionnels 1,5 M$ en prêts, toutefois le programme est si méconnu et inutilisé qu’il risque d’être annulé. «Jusqu’à présent, seulement 16 immigrants ont bénéficié du prêt qui a pourtant été lancé il y a sept mois», déplore Indu Krishnamurthy, coordonnatrice d’ACEM, un fonds communautaire d’emprunt de Montréal qui a été mandaté pour mener le projet-pilote fédéral.

Ce projet offre un prêt maximal de 10 000$ aux nouveaux arrivants, de la région de Montréal, des Laurentides et de Québec, qui veulent obtenir la reconnaissance des diplômes et de l’expérience de travail acquis à l’étranger.

Tenant compte du fait que le Québec accueille annuellement 50 000 immigrants et que le prêt est publicisé sur plusieurs plateformes, Mme Krishnamurthy s’explique mal le manque de popularité. «Si le projet ne connait pas un meilleur succès, il est possible –et légal- que le gouvernement fédéral retire le reste du financement», ajoute-t-elle.

Le manque d’intérêt pour le prêt peut être lié à l’obligation de rembourser en moins de quatre ans, souligne Marie-Thérèse Chicha, professeure en relations industrielles à l’Université de Montréal. «Beaucoup d’immigrants n’ont pas la capacité de s’endetter puisqu’ils ne savent pas si leur reconnaissance professionnelle va déboucher sur un emploi», dit-elle. Selon Mme Chicha, les immigrants détenant assez d’épargne pour assurer leur frais de subsistance sont les plus susceptibles d’utiliser le prêt.

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C’est le cas d’Alexandre Meza, un architecte brésilien arrivé au Québec il y a deux ans. Ce dernier a récemment demandé 6000$ en prêt pour couvrir les frais d’entrée à l’Ordre des architectes. «Je peux me permettre d’emprunter cet argent car jusqu’à présent, j’ai vécu de mes économies et j’ai déjà été embauché comme technicien par un bureau d’architectes», souligne fièrement l’homme qui détient plus de 10 ans d’expérience dans le domaine.

Rares sont les nouveaux arrivants qui connaissent un pareil succès, concède Indu Krishnamurthy. «Le projet-pilote de prêt est un outil pratique qui doit perdurer, poursuit-elle, mais il y a plus à faire pour assurer l’intégration des immigrants, notamment en mettant en place plus de mesures pour faciliter leur embauche».

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