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Québec lance un ultimatum à la CLASSE

QUÉBEC – Le gouvernement a lancé un ultimatum, mercredi, à l’association étudiante la plus radicale, la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE).

La ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, lui demande instamment, une fois pour toutes, de condamner la violence et d’y renoncer. Elle en fait une exigence préalable. La ministre ne bougera pas tant et aussi longtemps que la CLASSE ne s’amendera pas.

«En date d’aujourd’hui (mercredi), pour qu’on puisse avancer, pour qu’on puisse passer à l’action, il faut que le jeu soit clair, a-t-elle déclaré en point de presse à l’entrée du caucus, mercredi matin. Je demande que les leaders étudiants me disent clairement qu’ils condamnent la violence.»

La renonciation à la violence permettrait enfin «d’avancer clairement dans l’organisation des discussions, des pourparlers», a dit la ministre Beauchamp. Mais elle n’a pas précisé la nature des conséquences dans l’éventualité où son ultimatum viendrait à échéance sans les résultats attendus.

Depuis dimanche des contacts ont été établis entre le gouvernement et les deux autres associations étudiantes, la Fédération étudiante collégiale (FECQ) et la Fédération étudiante universitaire (FEUQ), mais pas avec la CLASSE.

Répondant à cet appel, les leaders de la CLASSE ont à nouveau affirmé qu’ils n’avaient pas le mandat de condamner les gestes violents posés par certains éléments du mouvement étudiant.

«Les débats sur la violence se font depuis plusieurs années, justement, au sein des associations étudiantes, a lancé la porte-parole de la CLASSE, Jeanne Reynolds. Là on nous demande en quelques jours de régler ce problème-là.»

La CLASSE argue toutefois que la ministre Beauchamp doit donner l’exemple, en condamnant les abus des services policiers et des directions d’établissements scolaires envers les manifestants.

Jeanne Reynolds a d’ailleurs qualifié la situation de «paradoxale et absurde».

«On nous demande de dénoncer des actes vandalisme alors que la ministre n’a jamais condamné la violence policière qui a fait perdre un oeil à un étudiant il y a quelques semaines. Elle encourage, par exemple, les étudiants et les étudiantes à franchir les lignes de piquetage et ça amène de la confrontation physique», a-t-elle dit.

La FEUQ a réagi à la demande de la ministre de la même façon, l’enjoignant à dénoncer elle aussi la violence, de plus en plus présente lors des manifestations et sur les campus. La présidente de la fédération, Martine Desjardins, a toutefois ajouté qu’en bon joueur, la FEUQ accepte de dénoncer les actions répréhensibles.

De plus, autant la FEUQ que la CLASSE ajoutent que la ministre tente vraisemblablement de faire dériver le débat sur un enjeu tout autre que la hausse des droits de scolarité.

«On a l’impression aussi que c’est une façon de faire bifurquer la véritable enjeu qu’est la question des droits de scolarité vers un débat de sémantique», a commenté la présidente de la FEUQ, Martine Desjardins.

«Je pense qu’on n’est plus à l’étape, justement, de débattre sur la sémantique de dissocier, dénoncer et condamner et qu’on devrait s’attaquer au noeud du problème», a-t-elle ajouté.

En Chambre, le gouvernement a également tenté de cerner l’opposition péquiste sur le recours à la violence. Le Parti québécois a condamné l’usage de la violence dans cette crise, mais n’a pas dit si dans le dialogue il exclurait les représentants de la CLASSE.

«Mais ce qu’il y a de plus grave encore, c’est que la chef de l’opposition officielle soit incapable de dire aux Québécois si elle est d’accord pour s’asseoir avec une association étudiante incapable de condamner la violence et l’intimidation», a tonné Jean Charest.

«Est-ce que la chef de l’opposition officielle a un minimum de principes ou est-ce qu’elle a juste du jello dans la colonne vertébrale?» a-t-il ajouté.

Pour sa part, Pauline Marois a accusé le gouvernement libéral de se murer dans l’obstination, tout comme dans d’autres dossiers, notamment la commission d’enquête sur la construction et le mont Orford.

«La population ne comprend pas l’entêtement du premier ministre, a-t-elle affirmé. Cet entêtement à résister au dialogue et aux souhaits de la population, c’est en train de devenir sa marque de commerce, sa façon de gouverner.»

Selon elle, l’objectif du premier ministre ne peut pas être de «mater la jeunesse du Québec».

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