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Affaire «Vikileaks»: l'employé dit avoir agi seul

OTTAWA – L’ancien employé du Parti libéral du Canada qui avait présenté sa démission après avoir publié sur Internet des détails sur le divorce du ministre conservateur Vic Toews assure qu’il a agi seul.

Adam Carroll a déclaré mardi au comité parlementaire sur l’accès à l’information, la vie privée et l’éthique qu’il était bel et bien la source anonyme derrière un compte Twitter appelé «Vikileaks30».

«Je n’ai jamais reçu l’ordre de le faire, et on ne me l’a pas non plus demandé», a-t-il dit aux députés. «Je n’ai jamais discuté de mes gestes avec un autre député, y compris le chef libéral intérimaire (Bob Rae). J’ai agi seul.»

Des informations sur le houleux divorce du ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, avaient été divulguées par l’entremise de ce compte Twitter.

M. Carroll a affirmé mardi qu’il avait activé le compte en question après que le ministre Toews eut présenté un projet de loi sur la surveillance en ligne qui, selon certains opposants, permet aux autorités d’avoir un accès abusif aux données personnelles en ligne. Il a ajouté qu’il avait trouvé le discours du ministre «biaisé», et qu’il avait senti qu’il était nécessaire d’attirer l’attention sur la menace posée par le projet de loi.

L’ancien employé a cependant signalé que tous les renseignements qu’il avait diffusés étaient déjà publics.

Son ancien employeur, le chef libéral intérimaire Bob Rae, a été interrogé là-dessus mardi après-midi dans le foyer de la Chambre des communes. «L’information est là, a-t-il dit, mais ce n’est pas la question. La question est plutôt de savoir s’il est approprié d’utiliser des informations qui devraient être plutôt privées que publiques, et ce même si les affidavits de divorces sont techniquement publics.

«Alors, c’est pourquoi M. Carroll n’est plus avec nous», a tranché M. Rae.

Le comité, dominé par les conservateurs, a interrogé M. Carroll pour découvrir de quelle façon il avait eu accès aux documents, puisque seules deux personnes les avaient empruntés du tribunal manitobain où ils se trouvent.

L’ex-employé a répondu qu’il ne savait pas comment ces informations étaient parvenues à son bureau, mais qu’elles étaient accessibles à toutes les personnes qui y travaillaient.

Selon lui, le fait que le Parti libéral du Canada les possédait n’était pas unique, puisque toutes les formations politiques conservent des dossiers sur les députés adverses.

Les conservateurs et les néo-démocrates ont toutefois indiqué plus tard qu’ils ne possédaient pas de telles informations et qu’ils ne s’en serviraient jamais.

Bien que M. Carroll ait répété qu’il avait agi seul, le député conservateur Dean Del Mastro a déclaré que l’employé avait été sacrifié par un parti protégeant ses dirigeants. «Il ne s’agissait rien de moins que d’une activité partisane en coordination avec le bureau du chef», a affirmé M. Del Mastro, une accusation réfutée par M. Carroll.

Les néo-démocrates, quant à eux, ont accusé les conservateurs de se livrer à une collecte de renseignements pour trouver des informations compromettantes sur leurs adversaires.

Au début de son témoignage, Adam Carroll a fustigé le comité qui l’a contraint à témoigner, soutenant qu’il n’a pas l’autorité de mener cette enquête à son sujet.

L’ex-employé libéral a été convoqué devant le comité parce qu’il avait utilisé les ressources des Communes pour publier les informations controversées, et il a admis mardi avoir utilisé l’ordinateur de son bureau pour publier plusieurs des messages Twitter.

Pour le député néo-démocrate Charles Angus, toutefois, il est un peu ridicule pour les députés de prendre ombrage de cet état de fait. Pour étayer ses propos, M. Angus a dressé la liste des députés utilisant leurs comptes personnels sur les médias sociaux à partir de leur téléphone intelligent gouvernemental pour faire de la politique partisane.

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