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Plus avantageux de tourner en Ontario qu’au Québec

Photo: Collaboration spéciale

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Désavantagé par rapport à l’Ontario qui offre de meilleures conditions fiscales aux productions, la région de l’Outaouais doit constamment se débattre pour accueillir les productions en sol québécois et éviter la migration des compagnies québécoises vers l’Ontario.

«On est assis sur la frontière, lance Jacques Ménard, responsable du Bureau du cinéma et de la télévision de Gatineau. On ne peut pas accueillir une partie d’un tournage ontarien, car ils ne peuvent pas déduire leurs dépenses.»

«La frontière nous nuit à un tel point que si tu es un professionnel de l’industrie, tu as tout intérêt à traverser la frontière!», décrie celui qui milite pour la reconnaissance d’une zone franche.

Les producteurs saluent toutefois le gouvernement ontarien qui a récemment abaissé son pourcentage de crédit d’impôt pour s’approcher un peu plus de celui du Québec, réduisant ainsi la compétition. Mais elle existe toujours, précise Pierre Even. «L’écart a rétréci, mais il est encore avantageux de choisir l’Ontario pour les producteurs étrangers», dit-il.

Baisse des crédits d’impôt: des producteurs pris à la gorge
La saga entourant la baisse des crédits d’impôt en cinéma anime l’industrie en entier. Au cœur du débat, les producteurs en font leur cheval de bataille. Mais pourquoi ce crédit d’impôt est-il si important?

Réduits de 20% en 2013, les crédits d’impôt viennent d’être majorés de 10% par le budget du ministre des Finances du Québec, Carlos Leitao. Grâce à cette décision, des films qui attendaient à la ligne de départ pourront maintenant commencer leur tournage, explique le producteur Pierre Even. Le président du Regroupement des producteurs indépendants de cinéma du Québec souligne que les crédits d’impôt sont les seuls financements sur lesquels les producteurs peuvent compter, le reste provenant de subventions qui fluctuent (SODEC, Telefilm Canada).

«Une coupe des crédits d’impôt de 20% est l’équivalent d’une baisse de 4% du budget total. Dans un budget de production, ce sont les derniers 15% qui sont les plus difficiles à atteindre. Une coupe de 5 % arrive dans la dernière tranche, alors il devient irremplaçable», dit-il, ajoutant que la récente majoration de 10% permet aux producteurs de se débrouiller à court et moyen terme.

«Le plus important est que la prévisibilité du crédit d’impôt permet aux producteurs d’aller voir les distributeurs et de rassembler des gens autour du projet, précise la présidente-directrice générale de l’Association québécoise des producteurs médiatiques, Marie Collin, précisant que le crédit d’impôt du cinéma qui atteint annuellement 65M$ est l’un des plus importants en culture avec celui de la télévision.

Pas pour les productions étrangères
Si le problème des producteurs québécois est à moitié réglé, il n’en est pas de même pour les productions étrangères qui utilisent les crédits d’impôt de service. Ceux-ci n’ont pas été majorés et nuisent au marché des productions étrangères, puisqu’il s’agit d’un grand incitatif à venir s’installer au Québec pour tourner. «Il n’y a pas eu de retour en arrière pour le crédit d’impôt de production de service utilisé par l’ensemble des productions étrangères, tandis que les producteurs québécois utilisent le crédit d’impôt pour la main d’œuvre», poursuit Mme Collin.

Elle ajoute que la hausse du nombre de productions étrangères en 2015 n’est pas due à l’allégement fiscal, mais plutôt à la saturation des marchés de l’Ontario et de Vancouver qui ont de la difficulté à fournir à la demande.

Bonus pour les régions
Un des grands avantages de tourner en Ontario est la bonification des crédits d’impôt pour les tournages en région, fait valoir Pierre Even. Ces mesures incitent les équipes à quitter la ville pour investir les sites des plus petites municipalités, emportant avec elles les retombées économiques.

«Le crédit d’impôt augmente de 5% lorsque les tournages sont faits en région, poursuit-il. Alors tu tournes à Toronto les scènes extérieures, puis dès que tu peux… tu sors de la ville! On a essayé de faire valoir cette bonification au Québec, mais on n’est pas dans une situation qui permet d’augmenter les crédits!»

Si de telles mesures avaient été mises en place, les tournages sortiraient davantage de Montréal, déclare le président du Regroupement des producteurs indépendants de cinéma du Québec. Il cite en exemple Withewash qui aurait pu se tourner dans les forêts de l’Abitibi comme prévu au scénario, plutôt que de simuler le tout à Vaudreuil-Dorion en raison des per diem pour les primes d’éloignement.

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