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Le NPD encaisse une dure défaite

NDP Leader Tom Mulcair and wife, Catherine Pinhas, give a thumbs up after visiting with campaign volunteers in Montreal on election day, Monday, October 19, 2015. THE CANADIAN PRESS/Ryan Remiorz Photo: Ryan Remiorz / La Presse Canadienne

MONTRÉAL — La vague orange de 2011 s’est retirée pour se faire avaler par un déferlement encore plus puissant — rouge cette fois. Les espoirs pour le Nouveau Parti démocratique (NPD) d’accéder pour la toute première fois de l’histoire au gouvernement à Ottawa se sont volatilisés lundi avec l’effondrement de son vote d’une façon que personne n’avait vu venir.

En fin de soirée, Thomas Mulcair a concédé la victoire: les Canadiens ont fait un choix et «nous l’acceptons en toute humilité», a-t-il lancé aux quelques centaines de partisans et de candidats réunis au Palais des congrès de Montréal.

Le chef néo-démocrate a conservé son siège d’Outremont et a semblé vouloir rester à la barre de son parti, malgré des résultats décevants.

«Les députés néo-démocrates vont se mettre au service des Canadiens, en travaillant avec les autres parlementaires pour bâtir l’avenir que nous souhaitons tous pour nos enfants et nos petits-enfants», a-t-il assuré.

S’il y avait un point positif à noter, ce serait sûrement que le gouvernement de Stephen Harper a été battu. «Depuis le début, cette élection porte sur le changement, et ce soir, les Canadiens ont tourné la page sur dix longues années. Et ils ont rejeté la politique de la peur et de la division», s’est-il réjoui.

Le chef du NPD a également salué les résultats de sa formation au Québec, bien que le nombre de députés y ait chuté dramatiquement. En 2011, alors que Jack Layton dirigeait le parti, le NPD était parvenu à faire élire pas moins de 59 députés. Lundi, il ne restait qu’une dizaine de survivants.

«Ce soir, on a démontré qu’au Québec, les racines du NPD continuent de se développer. Et dorénavant, le NPD sera toujours, pour les Québécois, un choix réel», a-t-il soutenu.

Il a terminé son bref discours en invitant ses troupes à se retrousser les manches. «Le prochain chapitre commence avec nos efforts pour bâtir un meilleur Canada», a-t-il conclu, alors que sa femme Catherine et ses deux fils, Matt et Greg, l’accompagnaient sur la scène.

La journée a été éprouvante pour sa formation. À mesure que la soirée avançait, les visages s’assombrissaient. Alors qu’une après l’autre, les têtes d’affiches du parti tombaient — d’abord en Atlantique, puis au Québec et jusque dans l’Ouest — l’atmosphère se plombait.

Les pertes ont d’abord été douloureuses dans l’Est, Megan Leslie et Peter Stoffer étant des députés de longue date qui occupaient des postes importants dans le cabinet fantôme de M. Mulcair avant la dissolution de la Chambre.

Puis, avec les résultats en provenance du Québec révélant qu’une grande partie des députés de 2011 n’étaient pas réélus, les émotions sont devenues à fleur de peau. Les partisans se prenaient dans leurs bras, certains avaient les yeux rougis.

Au moment des bonnes nouvelles, comme la réélection de Guy Caron, Alexandre Boulerice, Pierre-Luc Dusseault ou Ruth Ellen Brosseau, les gens applaudissaient bruyamment, même si on savait à ce moment que les dés étaient jetés.

Certaines défaites ont été particulièrement crève-coeur. Olivia Chow, la veuve de Jack Layton, n’est pas parvenue à se faire réélire dans la région de Toronto. Les néo-démocrates ont d’ailleurs perdu presque toutes les circonscriptions de la Ville-Reine.

La campagne avait pourtant superbement commencé pour M. Mulcair. La victoire surprise de Rachel Notley, élue première ministre albertaine néo-démocrate plus tôt ce printemps, avait permis à ses troupes de rêver d’un tel scénario pour le parti fédéral.

Les néo-démocrates bénéficiaient à ce moment-là des effets d’un cercle vertueux: plus les électeurs se rangeaient derrière eux, plus M. Mulcair était en mesure de se présenter comme l’unique alternative à Stephen Harper, plus il récoltait les appuis des électeurs qui veulent à tout prix du changement.

Le jugement de la Cour fédérale d’appel sur le port du niqab aux cérémonies de citoyenneté a été un point tournant pour la suite de la campagne. Même si M. Mulcair et Justin Trudeau ont adopté des positions à peu près identiques, c’est M. Mulcair qui s’est attiré les critiques, particulièrement des Québécois.

Les intentions de vote pour le NPD ont commencé à s’effriter à la mi-septembre, pour ne jamais rebondir, et ce sont les libéraux qui se sont mis à leur tour à bénéficier d’un cercle vertueux.

Jusqu’au jour du scrutin, M. Mulcair a continué d’affirmer que les électeurs continuaient à avoir une course à trois. Il l’a d’ailleurs répété en matinée dans Outremont lundi, quand il a encouragé les bénévoles venus lui donner un coup de pouce.

Avec un total de 40 000 bénévoles qui ont frappé à plus d’un million de portes, les néo-démocrates estimaient être en meilleure position qu’en 2011 pour faire «sortir le vote».

Tout au long de la campagne, M. Mulcair a continué d’expliquer les points phares de sa plateforme électorale: la création d’un million de places en garderie à 15 $ ou moins, l’augmentation des impôts des grandes compagnies, le retour de la livraison du courrier à domicile, l’instauration d’une bourse du carbone, la fin des missions de combat en Irak et Syrie, l’abolition du Sénat, une enquête publique sur les femmes autochtones assassinées ou disparues. Il a surtout insisté sur les différences entre les néo-démocrates et les libéraux. Élu, le NPD renégocierait l’accord du Partenariat transpacifique (PTP) et abrogerait la loi antiterroriste C-51.

Au dernier scrutin fédéral, le NPD de Jack Layton avait fait élire 103 députés sur un total alors de 308 comtés, du jamais vu. À la dissolution de la Chambre le 2 août, il comptait 95 des 308 sièges aux Communes.

Il faudra attendre un peu pour en savoir davantage sur les intentions de M. Mulcair à l’égard de son parti, puisqu’il ne tiendra pas la traditionnelle conférence de presse du lendemain du jour du scrutin mardi.

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