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La consultation sur les hydrocarbures tournée en ridicule

Photo: Archives Métro

«Farce monumentale», «études biaisées», «gouvernement en conflit d’intérêts»: les consultations publiques du gouvernement sur les hydrocarbures font réagir les écologistes.

Lundi, une vingtaine de groupes environnementaux ont dénoncé le double processus de consultation publique qui se tient cette semaine au sujet du développement de la filière des hydrocarbures au Québec, ainsi que sur l’exploitation des ressources de l’île d’Anticosti.

Ces consultations font partie d’un vaste plan d’acquisition de connaissances sur les hydrocarbures débuté il y a un an et demi et qui aboutira, à terme, sur l’adoption d’une loi propre aux hydrocarbures «qui intègrera les meilleures pratiques techniques, environnementales et sociales, dans une perspective de développement durable de ces ressources naturelles», selon le gouvernement.

Pour les écologistes, il s’agit d’une farce. «J’ai participé à beaucoup de consultations dans ma vie, c’est la plus bâclée», a déclaré Sylvain Archambault, de la Coalition Saint-Laurent. Il mentionne notamment que 30% des 64 études commandées n’ont pas encore été présentées et que les participants n’ont eu que 3 semaines pour étudier les 4000 pages de documentation.

Les travaux d’analyse ont été répartis en cinq chantiers thématiques (techniques, environnement, société, économie et transports) qui ont déjà abouti à un rapport intérimaire étant donné que des informations complémentaires devront être précisées d’ici la fin de l’année.

Il en ressort que le Québec importe la totalité de son pétrole et la quasi-totalité de son gaz pour un total de 13,5G$ en 2013, soit l’équivalent de 61% de la balance commerciale. Or, le Québec dispose d’un potentiel gazier et pétrolier significatif, qui permettrait de créer entre 6000 et 10 000 emplois (estimation de 250 puits forés par an). Le rapport coûts-bénéfices reste à prouver.

«Le gouvernement étant financièrement impliqué dans plusieurs projets d’exploration est en conflit d’intérêts. Il devrait plutôt mandater le Bureau d’audience publique pour l’environnement», a ajouté Christian Simard de Nature Québec.

Crédit: Josie Desmarais/Métro
Crédit: Josie Desmarais/Métro

En outre, l’exploitation pourrait nécessiter l’utilisation de la controversée technique de fracturation hydraulique, qui mettrait notamment en péril les nappes phréatiques et les cours d’eau, a rappelé Martine Chatelain, porte-parole d’Eau Secours!Une affirmation que réfute l’entreprise Questerre. En se basant sur le rapport du Groundwater protection Council, Questerre affirme qu’un tel risque n’a qu’une chance sur deux million de survenir dans les cas de forages profonds.

Les écologistes rappellent au gouvernement Couillard que ses cibles de réduction des GES sont incompatibles avec le développement d’une filière québécoise des hydrocarbures. La Fédération des chambres de commerce du Québec soutient, quant à elle, le développement d’une filière pétrolière et gazière au Québec.

Le porte-parole du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles Nicolas Bégin défend le processus de consultation. «Ça fait plus d’un an et demi qu’on a annoncé qu’il y aurait une consultation publique, les gens devraient avoir eu le temps de se préparer», répond M. Bégin en précisant que cette dernière ne porte pas sur les études, mais sur le volet des hydrocarbures au complet. Il précise en outre qu’aucune décision n’est prise, contrairement à ce que prétendent les écologistes.

Le rapport final qui doit servir à orienter le gouvernement sera présenté au plus tard au début de l’année 2016.

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