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Des dictionnaires pour protéger les langues autochtones

Photo: Mario Beauregard/Métro

Les communautés autochtones manquent souvent d’outils pédagogiques pour protéger leurs langues, qui sont menacées de disparition.

C’est là où les linguistes, dont une cinquantaine étaient réunis cette fin de semaine à un colloque sur les langues autochtones à l’UQAM, peuvent changer les choses.

Kahtehrón:ni Iris Stacey développe des programmes d’enseignement pour le Centre d’éducation de Kahnawake tout en poursuivant sa maîtrise sur la revitalisation des langues autochtones. «Il y a beaucoup d’efforts faits depuis les années 1970 pour redonner vie à notre langue. Il y a maintenant des écoles d’immersion pour les enfants, des cours pour les adultes et même des ateliers destinés aux parents qui viennent avec leurs enfants», a rapporté Mme Stacey, qui a elle-même appris le mohawk à l’âge adulte.

Malgré tout, seule une minorité de Mohawks parlent leur langue. Selon le recen­sement de 2011, 545 personnes au Canada ont déclaré avoir le mohawk pour langue maternelle.

Selon Mme Stacey, il manque de ressources écrites pour les personnes qui souhaitent apprendre ou entretenir leur connaissance de sa langue. «Les gens n’ont même pas l’occasion de lire un roman en mohawk. Par ailleurs, des dictionnaires et des grammaires existent, mais ils ont besoin d’être actualisés, a-t-elle rapporté. Les chercheurs qui étudient nos langues dans les universités peuvent nous aider.»

C’est exactement ce que font Jessica Coon et ses étudiants au doctorat en linguistique, non-autochtones pour la plupart, qui se rendent chaque année depuis 2012 dans la communauté micmaque de Listuguj, en Gaspésie.

«La Micmaque qui nous servait de référence dans notre étude de cette langue voulait que nos travaux puissent être utiles à sa communauté, a souligné cette professeure de l’Université McGill. Nous avons donc présenté nos observations à une classe d’adultes, par exemple au sujet de la façon dont les questions et les phrases sont construites par rapport à d’autres langues.»

Cela a mené à une collaboration active qui a notamment donné lieu à la création d’un outil web d’apprentissage du micmac.

«Notre langue englobe notre vision du monde, notre façon de penser. Elle fait partie de notre identité.» – Kahtehrón:ni Iris Stacey, au sujet de l’importance de revitaliser les langues autochtones

Plusieurs initiatives semblables existent. Richard Compton, professeur à l’UQAM et organisateur du colloque de cette fin de semaine, collabore à une nouvelle version d’un dictionnaire sur un dialecte inuit. M. Compton est encouragé par le fait que le gouvernement ait fait de cet enjeu une priorité.

Patrimoine Canada consacre 5M$ par année, jusqu’en 2017, à des projets de promotion des langues autochtones.

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