Peu de jazz, beaucoup de Montréal en ouverture du FIJM
Ce n’était pas international, et ce n’était pas jazz. Mais c’était festival et surtout Montréal mercredi soir pour la préouverture du Festival international de jazz de Montréal (FIJM) dans le Quartier des spectacles, alors qu’avait lieu ce qui ressemblait à la version anglo (à l’exception des 10 titres de Cœur de pirate) de l’événement spécial 375e anniversaire de Montréal tenu en clôture des FrancoFolies il y a 10 jours.
Le son Montréal
Le groupe indie Plants and Animals a ouvert la soirée devant une foule composée en partie de grands fans, qui n’a pas fui l’esplanade de la Place des Arts malgré les averses. «Ça fait tellement du bien de jouer ici», a avoué le Montréalais d’adoption Warren Spicer en français. The Franklin Electric, un autre héritier de ce qu’on nomme souvent le «son Montréal», a lui aussi trouvé un public bien conquis par ses ballades et son rock indés. «On est tellement heureux du soutien qu’on a ici au Québec. Montréal, c’est ma maison», a lancé le chanteur Jon Matte, qui a dit que son français était rouillé. C’est peut-être pour ça que le natif d’Hudson a souhaité un «Happy birthday» à Montréal. Celui qui est également trompettiste a eu beau nous faire quelques solos, la partie la plus jazz de la soirée s’est déroulée entre les shows, quand la fanfare Urban Science Brass Band a débarqué dans la foule avec ses solos de cuivres et du rap dans des mégaphones.
Milk & Bone
Le duo électro-pop Milk & Bone a été catapulté à l’avant-plan de la scène pop montréalaise avec son Little Mourning en 2015. Camille Poliquin et Laurence Lafond-Beaulne sont ainsi rendues des habituées des grands rendez-vous musicaux – la seconde était d’ailleurs du spectacle de clôture des Francos avec le collectif Louve. Mais même après Osheaga et autres tribulations, on les sent toujours heureuses de se retrouver devant une place des Festivals quasi comble pour ouvrir la soirée. «Vous êtes tellement beaucoup… allô!» a lancé Camille Poliquin au début de ce spectacle dansant et détendu où ont été joués tous les singles du groupe, presque toutes les chansons de Little Mourning. «C’est le dernier show qu’on fait avant de sortir du nouveau matériel», a indiqué Camille Poliquin, alias KROY. «Ça fait plusieurs fois qu’on dit que c’est le dernier show, mais c’est vraiment le vrai dernier spectacle avant le nouvel album, a renchéri Laurence Lafond-Beaulne. On travaille très fort en studio.» Les quelques nouvelles pièces jouées hier sont prometteuses : toujours dans cette vibe qui incite à se déhancher langoureusement.
Cœur de pirate
C’est après une quatrième présentation surexcitée de Maripier Morin – «Êtes-vous en foorrrrmee?» – que l’auteure-compositrice- interprète Cœur de pirate s’est présentée devant son rideau de paillettes dorées. La dizaine de titres du plus récent album de Béatrice Martin, Roses, a composé l’essentiel d’une prestation qui aurait rempli son quota francophone si nous avions été à la radio. «Next song kinda talks about being drunk on Saint-Laurent, donc on pense à ça pour après», a blagué la chanteuse avant d’interpréter Saint-Laurent. Malgré une grande énergie déployée sur scène, ça a pris la populaire Ensemble pour animer la foule qui s’étendait compacte sur l’entièreté de la place des Festivals pour quelques chansons jusqu’à Comme des enfants. «Si vous connaissez les paroles, ça serait nice que vous chantiez. Si vous ne connaissez pas les paroles, vous pouvez faire semblant parce que c’est du Cœur de pirate», a-t-elle ironisé. Ça a donc chanté, mais timidement. Peut-être la foule était-elle davantage composée d’amateurs de indie à la Half Moon Run.
«J’étais nerveuse à l’idée de jouer à Montréal ce soir parce que ça fait des mois que je n’ai pas joué. Mais vous avez été magiques.» – Coeur de pirate
Half Moon Run
C’est donc sous des cris et des sifflements d’une foule toujours aussi massive que le groupe tant attendu est monté sur scène peu après 22h30 ramenant ainsi le fameux «son Montréal» entendu en début de soirée, mais dans son interprétation plus épique.
Half Moon Run a lancé son second album en 2015 et le public montréalais semblait déjà s’en être ennuyé – deux spectacles avec l’OSM en septembre affichent déjà complet. Une bonne occasion donc de dire plusieurs fois : «Merci tout le monde» aux dizaines de milliers de personnes présentes dont une bonne part chantait les pièces les plus connues comme Call me in the afternoon et 21 Gun Salute. «Vous êtes beaux ce soir. C’est extraordinaire, c’est le plus de monde qu’on a vu devant nous. J’ai l’impression que je dis ça chaque fois et que c’est toujours plus. Au Barfly on avait joué devant personne encore alors 20 c’était wow», a rappelé Dylan Phillips. Les amateurs ont même été récompensés avec la chanson jamais enregistrée (mais déjà jouée en spectacle) Then Again. Gros système d’éclairage, quatuor à cordes, le groupe d’indie a présenté un show franchement bien ficelé avec une bonne présence sur scène. C’est toujours gagnant de lancer ses baguettes de drum dans la foule et de jouer de la guitare avec sa bouche right?