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Takashi Miike: Inquiétante sérénité

ROME, ITALY - NOVEMBER 16: Takashi Miike meets the audience during the 8th Rome Film Festival at the Auditorium Parco Della Musica on November 16, 2013 in Rome, Italy. (Photo by Ernesto Ruscio/Getty Images) Photo: Getty Images

Takashi Miike était à Montréal en fin de semaine pour recevoir un prix  honorifique remis par le Festival Fantasia. L’enfant terrible du cinéma japonais en a profité pour présenter deux nouveaux films inclassables.

On pénètre dans l’univers de Takashi Miike à ses risques et périls. Faisant la part belle au gore, à l’humour très noir et loufoque, de perversions sexuelles et autres éléments à faire hurler les censeurs, ses longs métrages s’avèrent souvent excessifs et déments, explorant tous les genres imaginables, ce qui confère à leur auteur un statut de cinéaste culte. Mis à part peut-être son confrère Sion Sono, il n’y a personne d’aussi punk, iconoclaste et anticonformiste que lui sur la planète cinéma.

Il est donc normal d’anticiper le pire avant de le rencontrer. Si les questions ne sont pas à son goût, peut-être enverra-t-il Ichi the Killer ou une bande de yakuzas à nos trousses afin de nous servir une médecine digne de son classique Audition? Il n’en est rien, heureusement, et on découvre un homme charmant et décontracté, aussi zen que David Cronenberg ou David Lynch.

«Ma vie privée est très relaxe. Il n’y a pas de problème! s’esclaffe Takashi Miike, aidé d’un interprète, car il ne parle ni français ni anglais. Mes tournages se font dans une ambiance très joyeuse. On rigole beaucoup. Évidemment, on est très concentrés et ça donne souvent des films violents. Mais il faut qu’un film violent soit fait avec amour.»

L’épopée de science-fiction Terraformars et les jeux de carnage de As the Gods Will, qu’on a pu voir cette année à Fantasia le sont. Un total décalage avec le Japon très calme où le père de Gozu a vécu. «Tout était si normal, se rappelle le principal intéressé. Mais j’ai toujours senti quelque chose qui me dérangeait là-dedans. Je me disais que ce n’était peut-être pas la réalité. J’avais toujours peur de trouver quelque chose de terrible derrière. Pour moi, le monde où je vivais, c’était plus comme un rêve.

J’imaginais des choses qui pouvaient être plus terribles, plus grotesques.»

«Fantasia a été pour moi un peu la porte qui m’a envoyé à l’international. Le fait de recevoir ce prix est un point pour marquer ma carrière de cinéaste.» –Takashi Miike, qui célèbre cette année le 25e anniversaire de sa carrière.

Fainéant ou hyperactif?
Avec plus de 90 mises en scène à son actif, Takashi Miike est un réalisateur insatiable. Fantasia a d’ailleurs présenté pas moins de 30 de ses films ces 20 dernières années.

«Je ne pense pas que je fais beaucoup de films, assure pourtant le créateur de 55 ans. Je suis très fainéant. Peut-être qu’inconsciemment, j’essaye de me motiver pour ne pas m’arrêter. Même que je me dis que je pourrais en faire tellement plus. J’aimerais encore essayer des choses que je n’ai jamais faites. En général, je ne dis jamais non quand un projet arrive. Je trouve que refuser serait quand même dommage.»

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