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Enjeux montréalais: Quatre visions différentes du transport

meveshaffer - Métro

25 mars 2014 à 21h58 - Mis à jour 27 mars 2014 à 18h23 6 minutes de lecture

Depuis plusieurs années, la Société de transport de Montréal (STM) réclame une source de financement «dédiée, indexée et récurrente» pour répondre à la demande croissante de ses usagers en transport en commun. Elle a terminé l’année 2013 avec un déficit de 16M$ et elle est toujours à la recherche de 20M$ supplémentaires pour équilibrer son budget 2014. Débat sur le budget qui sert à faire rouler les autobus et le métro.

La captation de la richesse immobilière
Jean-François Lisée, Rosemont
Parti québécois (PQ)

«Il y a plusieurs idées qui sont sur la table et on les connaît, affirme d’entrée de jeu l’actuel ministre responsable de la région de Montréal, Jean-François Lisée. L’idée sur laquelle on aimerait travailler, c’est la captation de la richesse créée par le développement du transport en commun.»

Le Parti québécois (PQ) aimerait en fait tirer profit de l’augmentation de la richesse immobilière engendrée par le développement du transport en commun. «Ce n’est pas une nouvelle taxe. Les gens ne payent pas plus cher», a précisé M. Lisée.

S’il est reporté au pouvoir, le PQ veut régler le problème de financement du transport en commun d’ici la fin de l’année. Un chantier de réflexion a été mis sur pied à ce sujet.

Il veut aussi revoir les responsabilités de l’Agence métropolitaine de transport. Une proposition doit être déposée ce printemps.

«Il n’existe pas un gouvernement avant nous qui a fait autant, en si peu de temps, pour augmenter les transports en commun», a dit Jean-François Lisée.

Le ministre a rappelé les investissements de son gouvernement dans les voies réservées (84M$), dans le prolongement de la ligne bleue et dans le maintien des équipements de transport en commun (1G$).

Consulter les villes
David Heurtel, Viau
Parti libéral du Québec (PLQ)

S’il forme le prochain gouvernement, le Parti libéral du Québec (PLQ) entend consulter les villes pour voir comment il est possible de mieux financer les réseaux de transport en commun.

«Il faut un investissement massif et stable, non seulement dans le maintien de nos infrastructures [de transport en commun], mais aussi dans le développement», a affirmé le candidat du PLQ dans la circonscription de Viau, David Heurtel. Il a évoqué entre autres la captation de la valeur foncière et le partage des revenus de taxation. Rien n’est décidé pour le PLQ, a-t-il insisté. Des pourparlers avec les villes et la Communauté métropolitaine de Montréal doivent d’abord avoir lieu.

«Au lieu de dicter et de travailler en vase clos, on va travailler avec les partenaires pour trouver où l’argent sera le mieux dépensé», a dit M. Heurtel.

Le PLQ souhaite également revoir la gouvernance du transport en commun. Encore là, le parti veut discuter avec les villes à ce sujet.

«Il y a trop de structures administratives. Il y a 700 titres de transport différents», a ajouté le candidat libéral dans Viau. Ce dernier croit que les structures inutiles doivent être supprimées, ce qui permettra selon lui d’économiser de l’argent.

Augmenter les revenus de l’État
Alexandre Leduc, Hochelaga- Maisonneuve
Québec solidaire (QS)

Québec solidaire est formel: il faut investir plus dans le transport en commun. «Logiquement, ça ne doit pas passer par une hausse de tarif, a dit le candidat dans Hochelaga, Alexandre Leduc. L’État devra s’investir beaucoup plus. Il faudra que le fédéral s’investisse plus. Il y aura une bonne bataille à mener.»

Québec solidaire croit qu’il y a moyen de faire rouler davantage les autobus et le métro en augmentant les revenus de l’État. Pour ce faire, il faudrait notamment ajouter de nouveaux paliers d’imposition, augmenter les redevances minières et rétablir la taxe sur le capital financier des institutions financières.

«Dans notre analyse, on croit qu’on sera mieux servi si on sort du Canada et si on rapatrie des sommes envoyées dans l’armée et les subventions pétrolières, a fait savoir M. Leduc. Plutôt que des F-18, on préfère acheter une flotte de bus.

«Si on est sérieux dans notre ambition de réduire les GES au Québec, il faut s’attaquer au plus gros morceau, qui est le transport en commun», a ajouté le candidat de Québec solidaire.

Quant à la gouvernance du transport en commun, Québec solidaire n’a pas l’intention de lancer un débat de structure. Le parti préfère se concentrer à améliorer le financement des réseaux de bus et de métro.

Revoir les priorités
Éric Caire, La Peltrie
Coalition avenir Québec (CAQ)

Pas question de majorer les investissements dans le transport en commun pour la Coalition avenir Québec. «Les montants qui sont présentement alloués sont les montants avec lesquels on va devoir travailler, a dit le porte-parole de la CAQ en matière de transport, Éric Caire. On va agir selon nos priorités.»

Pour la CAQ, le transfert de 1 G$ à partir du budget des routes vers celui du transport en commun annoncé le mois dernier par le Parti québécois est «assez irresponsable». «L’état de nos infrastructures est à un tel point que ça devient dangereux, a dit M. Caire. Prenez le tunnel Ville-Marie, où un paralume est tombé. Prenez l’autoroute 40 où deux femmes ont failli perdre la vie en janvier.»

M. Caire croit que le prochain gouvernement doit concentrer ses efforts sur l’installation d’un système léger sur rail (SLR) sur le futur pont Champlain et la révision de la gouvernance de l’Agence métropolitaine de transport (AMT). «L’AMT a deux chapeaux qui sont incompatibles, a-t-il fait valoir. Celui d’arbitre et de coordonnateur de l’île de Montréal. C’est incompatible.»

D’après la CAQ, l’AMT ne devrait plus être responsable des opérations quotidiennes. Elle devrait s’efforcer de coordonner les déplacements dans la région métropolitaine.

À suivre:
Cette semaine, Métro aborde cinq thèmes, sous un éclairage montréalais, avec des candidats des quatre principaux partis de la campagne électorale provinciale.