Environnement

Enjeux montréalais: l’environnement, pas une priorité pour tous

Photo: Métro

mathiasmarchal - Métro

26 mars 2014 à 21h03 - Mis à jour 7 juin 2021 à 15h50 6 minutes de lecture

Le thème de l’environnement, même couplé aux thèmes des ressources naturelles, n’aura jusqu’ici occupé que 2,7% du contenu médiatique de la campagne électorale. Pourtant, les sujets ne manquent pas. Il suffit de penser aux projets de pipeline, à l’électrification des transports et à l’accès au fleuve. Qu’en disent les principaux partis?

Électrifier les transports
Daniel Breton, Sainte-Marie–Saint-Jacques
Parti québécois (PQ)

Dans sa stratégie énergétique, le Parti québécois mise notamment sur l’électrification des transports. «Comme la plupart des investissements dans les transports collectifs se font à Montréal, la Ville en recevra une large part», note Daniel Breton, candidat dans Sainte-Marie–Saint-Jacques. Il cite notamment le prolongement de la ligne bleue et l’électrification des autobus, en passant par le projet de micro-voiture électrique 100% québécoise destinée à l’autopartage. «On veut augmenter l’offre de transport en commun de 30% d’ici 2020», précise-t-il.

S’il est réélu, le PQ compte présenter sa stratégie d’efficacité énergétique, «car les Québécois sont les deuxièmes plus gros consommateurs d’énergie par habitant de la planète». Il écorche au passage la stratégie de sortie du pétrole de Québec solidaire. «Dire qu’on va en sortir d’ici 2030, ce n’est pas crédible, car 42% de notre pétrole est utilisé pour des bateaux, des avions ou des camions qui ne sont pas électrifiables pour l’instant», explique-t-il.

Quant au dossier de la biométhanisation des déchets, il y est favorable, mais «il ne faut pas que ce soit fait tout croche comme lors de l’annonce faite du temps des libéraux. Avec les biogaz issus de la biométhanisation, on peut faire rouler des bus, mais il faut plancher dessus avant de faire des annonces», conclut-il.

Sortir du pétrole
Manon Massé, Sainte-Marie–Saint-Jacques
Québec solidaire (QS)

Québec Solidaire veut faire prendre au Québec un virage vert. «À la base du développement économique et social, on retrouverait notamment notre plan de sortie du pétrole», lance Manon Massé, candidate dans Sainte-Marie–Saint-Jacques.

Un des premiers gestes du parti consisterait à s’opposer aux projets de pipeline d’Enbridge et de TransCanada, qui alimenteraient notamment les raffineries montréalaises.

«Oui, c’est de juridiction fédérale. Mais en regardant ce qui se passe en Colombie-Britannique, on voit bien que, lorsqu’il y a mobilisation de la société civile et que le gouvernement n’est pas à la solde des pétrolières, comme le sont le PQ et le PLQ, on peut arriver à des résultats», clame Mme Massé.

La sortie du pétrole passe par l’électrification des transports et l’augmentation de l’offre de transport en commun.

À ce sujet, Québec solidaire prévoit, s’il est élu, investir 20G$ sur 5 ans, dont le quart dans la région de Montréal. En outre, 200M$ seraient investis chaque année pour tendre vers la gratuité du transport en commun. «“Pour l’amour d’un Québec vert”, ce n’est pas juste un slogan publicitaire, c’est un projet de société», conclut-elle.

Rentabiliser l’écologie
Gerry Sklavounos, Laurier-Dorion
Parti libéral du Québec (PLQ)

Outre un nouveau crédit pour la rénovation domiciliaire pouvant totaliser jusqu’à 2500$ par ménage, le Parti libéral compte
essentiellement sur son Plan d’action sur les changements climatiques adopté en 2012, en matière d’environnement. «Il y aura des investissements de l’ordre de 1,5G$ sur 7 ans, dont 8% à 10% iront au transport en commun, indique Gerry Sklavounos. Le PQ agit en faux écologiste, car il n’a même pas de plan d’action.»

Parmi les dossiers montréalais, le candidat dans Laurier-Dorion cite le prolongement du métro, les îlots de chaleur, le compostage, l’agrile du frêne, l’augmentation des aires protégées, l’agriculture urbaine, la rénovation des parcs et le plan canopée. «On est prêt à soutenir Montréal, mais la Ville devra établir ses priorités», lance-t-il.

Il croit aussi que l’entente sur la Bourse du carbone signée entre le Québec et la Californie est très porteuse pour les entreprises. «Ça pousse les entreprises à diminuer leurs gaz à effet de serre en offrant un avantage monétaire à ceux qui y arrivent», explique M. Sklavounos.

Quant au projet de pipeline d’Enbridge, il indique que le transport par pipeline est le plus sécuritaire, mais qu’un comité de vigilance doit être institué pour revoir certaines pratiques.

Développer autour du fleuve
Donald Martel, Bécancour
Coalition avenir Québec (CAQ)

La CAQ base ses actions en matière d’environnement sur son Projet Saint-Laurent. Ce projet vise à faire de la vallée du Saint-Laurent une sorte de Silicon Valley californienne. «À Mont-réal, cela nécessitera une dépollution d’envergure des sites contaminés dans l’est de l’île et une réhabilitation des berges», explique Donald Martel, candidat du parti dans Bécancour.

Les coûts de décontamination, généralement assez élevés, seraient amortis par l’État au moment de la revente des terrains. «On veut installer des grappes d’entreprises liées à l’innovation et à la recherche et développement», ajoute M. Martel, qui égratigne au passage certaines des propositions des partis concurrents. «Dans l’électrification des transports, il y a beaucoup de vœux pieux si on n’a pas été capable de créer auparavant de la richesse.»

Concernant les projets de pipeline liés aux sables bitumineux de l’Ouest, la CAQ y est favorable, si cela se fait dans le respect des normes environnementales. «Le pétrole est encore utile à l’économie et cela limiterait la fuite des capitaux tout en permettant d’en profiter financièrement, via la péréquation», clame Donald Martel, qui souhaite que les études du BAPE soient accélérées.

À suivre:
Cette semaine, Métro aborde cinq thèmes, sous un éclairage montréalais, avec des candidats des quatre principaux partis de la campagne électorale provinciale.