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Ces femmes qui s’engagent en politique

Photo: Yves Provencher/Métro

Jocelyn Ann Campbell a été candidate aux élections municipales pour une première fois en 2005. «Je voulais vivre l’expérience», a expliqué celle qui avait déjà travaillé dans les coulisses du pouvoir notamment pendant le règne de Jean Doré à l’hôtel de ville de Montréal. Elle ne doutait pas de ses competences et elle connaissait bien les dossiers municipaux. Elle ne se sentait toutefois pas à l’aise dans le processus électorale.

«J’étais un peu gênée ou insécure de faire mon autopromotion. C’était angoissant, mais après m’être lancée, il n’y avait plus rien à mon épreuve», a-t-elle confié. Cette gêne découragerait selon elle bien des femmes à se lancer dans l’arène politique.

Lors des dernières élections municipales, en 2009, plus de 2000 femmes ont fait fi de cette difficulté et se sont fait élire au Québec, ce qui signifie qu’elles représentent près du tiers (29%) des édiles, indique le Conseil du statut de la femme. À Montréal, 39,8% des conseillers municipaux sont des femmes.

La présence plus importante des élues dans la métropole s’explique par le fait que les postes de conseiller à Montréal sont souvent à temps plein, contrairement à ceux des petites municipalités, d’après un avis du Conseil du statut de la femme. L’existence de quatre différents postes d’élue (maire, maire d’arrondissement, conseiller de ville et conseiller d’arrondissement) pèse aussi dans la balance.

En vue du prochain scrutin municipal, le Réseau des tables régionales de groupes de femmes du Québec a lancé la campagne «Je me lance en 2013» afin d’augmenter le nombre d’élues dans les conseils municipaux. La coordonnatrice du Réseau, France Paradis, croit que pour une femme, siéger à un conseil municipal équivaut à exercer un métier traditionnellement réservé aux hommes. «Pendant des siècles, les femmes n’étaient pas bienvenues en politique en général, a-t-elle dit. On considérait que les femmes devaient demeurer dans la sphère privée.»

À Montréal, les femmes ont officiellement pu se présenter à une élection municipale en 1941 puisque la Charte de la Ville a été modifiée en ce sens.

La conseillère municipale Elsie Lefebvre, qui a aussi été députée à l’Assemblée nationale, est très reconnaissante envers les femmes qui l’ont précédée et qui ont eu la lourde tâche de tracer la voie.

«Le principe d’égalité est acquis dans notre société, mais il y a encore du travail à faire, a-t-elle exposé. Il faut s’assurer que cette égalité se concrétise dans la vie de tous les jours. C’est là qu’on est rendu.»

Avec sa collègue Cindy Leclerc, Mme Lefebvre a présenté une motion au conseil municipal du mois de décembre pour que la Commission de la présidence réfléchisse à des mesures à mettre en place pour aider les élus à mieux concilier le travail et la famille. «L’idée, ce n’est pas de diminuer la charge des élues, mais de mieux planifier leur travail, a mentionné Elsie Lefebvre. Parfois, au conseil municipal, on prolonge les travaux de trois heures à cinq minutes de préavis. Pour les parents, ça devient un casse-tête impossible.»

L’horaire des conseillers municipaux est atypique et irrégulier. Ils travaillent parfois le jour et parfois le soir. Tout dépend du calendrier des réunions du conseil municipal, du comité exécutif et des commissions municipales ainsi que de la programmation des activités partisanes et des événements qui se déroulent dans les arrondissement.

L’important, c’est de s’organiser, insiste la responsable de la condition féminine au comité exécutif de la Ville de Montréal, Émilie Thuillier. «On trouve des solutions à tous les défis, dit la mère d’un petit garçon de deux ans. Je dis souvent que je ne pourrais pas y arriver sans mon conjoint, mais j’ai une collègue qui est une mère monoparentale et qui y arrive.»

Elsie Lefebvre, qui est mère de deux enfants âgés de deux et quatre ans, a convaincu les autorités municipales d’aménager une salle d’allaitement et un espace pour langer les bébés dans l’hôtel de ville de Montréal pour que les jeunes mamans puissent participer aux activités démocratiques. Elle a elle-même amené son bébé à plusieurs rencontres.

La vie politique est très exigeante. C’est un tourbillon, d’après Jocelyn Ann Campbell. «On est très sollicité alors il faut faire des choix, a-t-elle dit. Il faut garder du temps pour soi et pour ses proches.»

Mme Campell entend redevenir une simple citoyenne au lendemain des prochaines élections municipale. Elle s’est dite heureuse de s’être lancée dans l’aventure politique, mais elle veut tourner la page sur une vie qui a été riche en rebondissements.

Une majorité de femmes élues
Une majorité de femmes qui présentent leur candidature à une élection municipale réussissent à se faire élire, d’après le Réseau des tables régionales de groupes de femmes du Québec.
En 2009, 66% des femmes qui aspiraient devenir conseillère municipale ont eu la faveur des électeurs. La même année, celles qui ont présenté leur candidature au poste de mairesse ont été élues dans une proportion de 56%.

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