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1,5 M$ récoltés chez des entrepreneurs

Photo: Métro

MONTRÉAL – Marc Gendron, ex-ingénieur retraité chez Tecsult, affirme avoir récolté environ 1,5 million $ de 1996 à 2003 pour le parti PRO des Lavallois, de la part des entrepreneurs en construction qui avaient décroché un contrat avec la Ville de Laval.

Devant la Commission Charbonneau, jeudi, M. Gendron a précisé qu’il avait récolté en moyenne 200 000 $ par année.

Le plus gros montant qu’il a reçu en une occasion a atteint 200 000 $, de la part de l’entrepreneur Antonio Accurso, mais généralement, il s’agissait de sommes de 20 000 $ à 100 000 $.

La remise d’argent de M. Accurso a eu lieu dans un contexte digne d’un film. «M. Accurso m’a dit ‘viens au restaurant, j’ai quelque chose pour le parti’. Je l’ai suivi dans le parking. Il faisait noir. Je suis arrivé en arrière de sa Cadillac. Ouvre la valise. Il me dit ‘il y a 200 000 $ là-dedans’», a raconté le témoin.

De huit à 10 entrepreneurs versaient ainsi des ristournes pour le parti PRO des Lavallois, par son intermédiaire, en plus de deux ou trois entrepreneurs «occasionnels».

C’est l’ex-maire de Laval, Gilles Vaillancourt, qui lui avait proposé le poste de «collecteur» de fonds, en 1996, et qui lui avait dit d’attendre les instructions pour savoir à qui remettre cet argent.

Au fil des événements, cet argent a été remis à différentes personnes, dont le frère du maire Vaillancourt, Guy, le maire lui-même, Me Robert Talbot, qui est avocat, et Me Jean Bertrand, l’agent officiel du parti PRO des Lavallois.

«Quand j’en avais trop, je m’informais à lui, à savoir où je pouvais aller le porter. Quand j’avais des coffrets, dépassé 300 000 $ ou 400 000 $, dépendant de la valeur des billets, ça ne rentrait plus. Alors je l’appelais, je le rencontrais et je disais ‘où je vais porter ça?’. En général, c’était chez Guy Vaillancourt, son frère», a-t-il relaté.

M. Gendron tenait un relevé de ces ristournes des entrepreneurs pour le parti et en faisait un «rapport annuel» au maire Vaillancourt, dans un restaurant de Miami, durant deux à trois heures.

Le témoin a par ailleurs souligné que l’entrepreneur Antonio Accuso semblait avoir un statut particulier par rapport aux autres entrepreneurs donateurs. Parfois, M. Accurso ne payait pas sa ristourne de deux pour cent. Mais quand M. Gendron le soulignait au maire Vaillancourt, ce dernier lui disait que c’était «correct» et ajoutait: «achale-le pas plus».

M. Accurso avait une relation de proximité plus grande que les autres entrepreneurs avec M. Vaillancourt, a noté M. Gendron.

M. Gendron a par ailleurs admis avoir partagé la propriété d’un bateau de 24 000 $ à Miami. Après s’être départi d’un bateau qu’il avait, «monsieur le maire me dit: ‘aimerais-tu ça en avoir un autre?’», a-t-il raconté.

Il lui répond: «Bien sûr, mais je n’embarquerai pas tout seul là-dedans».

«(M. Vaillancourt) me dit: ‘je vais te trouver un entrepreneur’. Il m’a trouvé Anthony Mergl, de Nepcon, qui a remis un tiers, moi j’ai pris un tiers et Gilles a dit ‘prends un tiers dans la cagnotte’», a-t-il relaté. Mais la troisième part du bateau n’a jamais été au nom de M. Vaillancourt, bien que ce dernier en avait l’usage autant que MM. Mergl et Gendron.

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