Soutenez

Un premier refuge pour itinérants dans Hochelaga-Maisonneuve

Photo: Marie-Pier Gagné / TC Media

Le premier refuge pour hommes itinérants de Hochelaga-Maisonneuve ouvrira ses portes d’ici novembre, afin de répondre à leurs besoins et améliorer leur situation.

Le Carrefour d’alimentation et de partage (CAP) Saint-Barnabé, qui œuvre auprès des plus démunis du quartier, prendra le refuge sous son aile.

Depuis déjà quelques années, l’organisme est propriétaire de trois bâtiments de logements sociaux, ainsi que du Répit Saint-Barnabé, mis en place pour venir en aide aux femmes, plus spécifiquement aux travailleuses du sexe du quartier.

Mais le refuge pour hommes itinérants sera le tout premier à voir le jour dans tout l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, pourtant touché de près par cette problématique.

«On voyait beaucoup de gens en situation de précarité, mais il n’y avait pas de lieu qui leur était dédié, excluant les refuges du centre-ville», note le directeur du CAP Saint-Barnabé, Paul Atangana.

Puisque le refuge sera situé à même le bâtiment qui abrite le CAP, les bénéficiaires auront accès aux services de l’organisme, soit un programme d’accompagnement et de soutien, ainsi qu’une banque de dépannage alimentaire.

Quatre intervenants seront embauchés par l’organisme, 16 lits seront disponibles et des salles de bain seront mises à leur disposition.

«Même si le refuge est à la base pour les hommes, nous ne refuserons pas une femme qui a besoin d’aide», assure M. Atangana.

Un réel besoin
Selon Pierre Gaudreau, coordonnateur du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), l’ouverture du refuge est une bonne chose pour le quartier.

«Les besoins sont grands, plus grands qu’on le pense, souligne-t-il. Créer ces places en hébergement permettra de faire une différence sur une échelle plus locale et d’évaluer les vrais besoins du quartier.»

D’ailleurs, un dénombrement mené le 24 mars 2015 par la Ville de Montréal a révélé que 3016 personnes se trouvaient en situation d’itinérance cette nuit-là à Montréal, dont une trentaine dans Hochelaga-Maisonneuve.

«C’est un nombre qui ne reflète pas tout à fait la réalité. Le dénombrement n’a pas pris en compte les personnes hébergées chez des amis ou qui ont passé la nuit dans des motels ou des maisons de chambres, sans avoir de domicile fixe», ajoute M.Gaudreau

Renaître de ses cendres
Bien aux faits du problème d’itinérance dans l’arrondissement, le CAP avait, en 2014, mis en place un refuge, sous forme de projet-pilote.

«On avait ouvert le répit pour femmes, alors par souci d’équité, on voulait offrir le même service aux hommes, mentionne M. Atangana. On voulait voir si les besoins seraient là.»

Assez rapidement, les quatre lits disponibles à l’époque n’ont plus suffi à la demande.

Cependant, les subventions gouvernementales ont été coupées après un an. Incapable de subvenir de façon autonome aux besoins du refuge, le CAP avait dû se résigner à mettre la clé sous la porte.

«Ça a été une décision difficile, continue M. Atangana. Des hommes venaient pour passer la nuit et on devait les retourner dans la rue, même si les installations étaient bien là, propres et fonctionnelles. Plusieurs ne souhaitaient pas se déplacer jusqu’aux refuges du centre-ville et s’ils y allaient, l’entrée leur était parfois refusée, par manque d’espace ou de ressources.»

Campagnes de financement
Motivé à ce que le refuge reste cette fois ouvert pour de bon, le CAP souhaite mettre en place des activités de financement.

«Nous devrions signer avec le gouvernement dans quelques semaines pour l’octroi de subventions dans le cadre du programme de Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance, explique le porte-parole de l’organisme. Cependant, la subvention sera accordée pour 18 mois. Si jamais elle n’est pas renouvelée par la suite, on veut s’assurer de pouvoir continuer d’offrir le service.»

M. Atangana n’a pas voulu confirmer le montant qui devrait bientôt être octroyé par les gouvernements provincial et fédéral, étant donné que le tout n’a pas encore été officialisé.

Cependant, le CAP estime qu’environ 135 000$ seront nécessaires annuellement pour garder le refuge en vie.

«C’est un gros défi, mais je crois que ça en vaut la peine. Sans complètement enrayer la problématique de l’itinérance dans le quartier, je crois que nous pourrons faire une réelle différence», a conclu Paul Atangana.

Quelques statistiques du recensement de mars 2015:

  • 76% des personnes en situation d’itinérance sont des hommes
  • 54% de personnes qui sont dans des logements de transition sont des femmes
  • 44% des personnes en situation d’itinérance sont nées à Montréal, et 16% ailleurs au Québec
  • 16% de la population itinérante sont des immigrants alors qu’ils représentent 33,2% de la population de Montréal
  • 10% des itinérants recensés sont des Autochtones, alors que ceux-ci forment 0,56% de la population montréalaise

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.