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Procès Morinville : une amie manipulatrice

Photo: Félix O.J. Fournier/TC Media

Carole Morinvile était bien plus qu’une simple conseillère financière aux yeux de plusieurs anciens clients. Ceux-ci vivent toujours, près de six ans plus tard, les conséquences des malversations de Mme Morinville, qui était de retour au palais de justice de Montréal pour ses représentations sur sentence, jeudi.

«Elle me disait que j’étais la fille qu’elle n’a jamais eue. Elle a été une mère substitut pour moi», a affirmé avec émotions une des victimes de Carole Morinville.

En tout, quatre témoins ont relaté comment ils avaient une confiance aveugle envers l’accusée. «C’était une de mes plus grandes amies. Elle m’invitait à son chalet et j’étais présente à son mariage», a ajouté une autre ex-cliente.

Les quatre victimes qui ont témoigné ont toutes eu le même choc lorsqu’ils ont appris en 2010 que celle à qui ils avaient donné la totalité de leurs économies leur mentait depuis le début.

La plupart d’entre eux ont pu retrouver une partie de leur argent grâce à l’autorité des marchés financiers. La cicatrice demeure tout de même ouverte.

«Encore aujourd’hui, je me sens épaisse. Je ne peux pas croire que je n’ai rien vu. Je suis censée être intelligente et j’ai tout donné, car elle me disait ce que je voulais entendre», ajoute un témoin.

Pour un autre, la réalité d’avoir quasiment tout perdu a failli le tuer. «Chaque matin, pendant quelques mois, je regardais le métro et me demandait si cela ne serait pas plus facile de me jeter en dessous. J’y ai sérieusement pensé.»

Clients vulnérables
Mme Morinville a su profiter des faiblesses de ses clients. Celle qui voyait en sa conseillère une deuxième mère a perdu ses parents en bas âge. Une autre a fait appel à ses services alors qu’elle vivait un difficile divorce.

«Mon mari ne voulait rien me laisser. J’allais me retrouver à la rue. Carole m’a dit de venir la voir et qu’elle s’occuperait de moi», a raconté un témoin en pleurant.

Appelée à témoigner, Mme Morinville a montré des remords, se qualifiant même de monstre. «Je n’ai jamais eu l’intention de les voler. Je croyais pouvoir trouver des solutions, mais c’était désilusoir. Je vivais dans le déni.»

La couronne n’a cependant pas cru le témoignage de l’ex-conseillère. Selon la procureure, elle aurait pu rembourser certains clients plutôt que de vivre dans le luxe. Mme Morinville se serait également envolée dans le sud, un voyage d’environ 7000 $, alors qu’elle faisait l’objet d’une enquête.

Nouvelle vie
Au cours des cinq dernières années, celle qui vivait auparavant dans une luxueuse résidence de la Pointe-Sud de L’Île-des-Sœurs a complètement changé de train de vie.

Elle et son mari demeurent désormais dans un 2 ½ près du village. Radiée de sa profession, elle s’est trouvé un emploi comme vendeuse dans une boutique de vêtements du centre-ville et occupe maintenant le poste d’assistante-gérante.

L’ex-conseillère financière a plaidé coupable à des accusations de fraudes le 17 décembre dernier. Les faits lui étant reprochés sont survenus d’octobre 2005 à août 2010.

En tout, ce serait environ 3,7 M$ qu’elle aurait volé à une trentaine de clients. Elle sera de retour en cour vendredi matin alors que les avocats effectueront leur recommandation de sentence.

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