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«Je compte MTL 2015»: l’itinérance cachée oubliée

Le grand décompte des itinérants de la métropole offre un «portrait incomplet», estiment des organismes du Plateau-Mont-Royal. Selon leur porte-parole, le nombre réel de sans-abris dans l’arrondissement serait plus du double de celui qui a été compté le soir du 24 mars.

La table de concertation en itinérance de la corporation de développement communautaire (CDC) Action solidarité Grand Plateau (ASGP), qui regroupe plusieurs organismes d’aide aux personnes itinérantes, croit qu’il faut remettre en perspective les résultats du dénombrement «Je compte MTL 2015».

«Nos travailleurs de rue ont recensé deux fois plus de sans-abri que ce qui a été compté cette soirée-là, sur le territoire du Plateau-Mont-Royal. C’est sans oublier la quarantaine de personnes qui dormaient dans le parc du Mont-Royal», explique la directrice générale de l’organisme venant en aide aux personnes marginalisées Plein milieu, Sonya Cormier.

Rappelons que le dénombrement «Je compte MTL 2015», commandé par la Ville de Montréal et confié à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, a recensé 3016 personnes en situation d’itinérance, le soir du 24 mars 2015, dont 30 personnes dans Le Plateau-Mont-Royal.

La table de concertation en itinérance du Plateau-Mont-Royal salue l’initiative, mais remet en question la méthodologie employée.

«Ça amène la problématique de l’itinérance à l’avant-plan, ce qui est toujours une bonne chose, mais ça se concentre sur l’itinérance chronique et visible. Ça laisse donc de côté l’itinérance cachée», continue Mme Cormier, lors d’une promenade sur la rue Saint-Denis et l’avenue du Mont-Royal, à la recherche des oubliés du dénombrement.

Itinérance cachée
Parmi ceux qui n’ont pas été comptés, figure Jonathan Alain-Loiselle. TC Media l’a rencontré devant les locaux de Plein milieu, sur Saint-Denis. Le jeune homme de 22 ans est sans domicile depuis le 1er juillet, bien qu’il ait un emploi.

«Je dormais chez mon cousin et je payais une part de loyer, mais le 1er juillet, il a voulu aller vivre seul. Ce n’est pas la première fois que je me retrouve dans cette situation. J’avais déjà passé un an dans la rue. Je n’ai pas été compté dans le dénombrement et au centre d’hébergement, au Refuge des jeunes, beaucoup de gens n’ont pas été comptés ni approchés, alors qu’ils sont itinérants», raconte M. Alain-Loiselle.

Mme Cormier y voit l’illustration de ses propos. «Une seule soirée, ce n’est pas représentatif de l’ensemble des personnes qui vont se retrouver en situation d’itinérance dans une année ou qui sont à risques. L’étude demeure un outil intéressant, mais il faut que ce soit un outil parmi tant d’autres et qu’on soit conscient que le 3016, ce n’est pas un chiffre absolu», indique la directrice générale de Plein milieu.

Un outil parmi d’autres
«La méthodologie est imparfaite, mais ça donne le portrait d’une nuit précise, à un moment donné à Montréal. La donnée du nombre total de personnes en situation d’itinérance visible est intéressante, parce que nous allons pouvoir la comparer au chiffre que nous obtiendrons lorsque nous referons l’exercice dans trois ans», explique le cogestionnaire du projet «Je compte MTL 2015», James McGregor.

La méthodologie utilisée est la même qu’à Toronto, Vancouver et New York. Ce qui ressort de cette étude, c’est qu’il y a moins d’itinérants à Montréal que dans les autres grandes villes nord-américaines, mais qu’ils sont plus nombreux à dormir dans la rue.

Le coauteur de l’étude indique que le dénombrement est un outil pour chiffrer ce que les organismes savaient déjà.

«Ça fait longtemps que le milieu communautaire sait qu’il y a une augmentation de la population itinérante autochtone ou que la deuxième raison de l’itinérance chez les femmes, c’est la violence conjugale. Avec les 1500 questionnaires remplis, on peut chiffrer ces constatations empiriques. Ça peut aider le milieu communautaire dans les demandes de subvention par exemple», continue M. McGregor.

Le cogestionnaire de «Je compte MTL» assure toutefois que la méthodologie sera peaufinée avec le temps. «Nous aurons un autre décompte la dernière semaine d’août, une initiative de moindre ampleur et nous ferons des ajustements. On ignore pour l’instant si ce sera encore une seule nuit ou si ça s’étendra sur une semaine», avance le chercheur.

M. McGregor indique toutefois que si les moyens financiers étaient au rendez-vous, une étude sur une année donnerait un portrait plus complet.

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