Engouement pour les abeilles dans la métropole

L’apiculture et l’agriculture urbaine sont en effervescences depuis trois ans, selon l’entreprise sociale Alvéole, alors que le nombre de leurs ruches a presque triplé depuis 2014, passant de 135 à 400 à Montréal. De ce nombre, le cinquième d’entre elles sont dans Le Plateau-Mont-Royal.

Les fondateurs Étienne Lapierre, Alexandre McLean et Declan Rankin Jardin, résidents du Plateau-Mont-Royal, emploient un total de 14 personnes. Ils ont débuté tous les trois dans leur entrepôt du Plateau-Mont-Royal, situé au 5425 rue De Bordeaux.

Leur idée initiale était que pour 65$ par mois, les apprentis apiculteurs du Grand Montréal reçoivent la visite d’experts d’Alvéole aux deux semaines et voient le processus d’élever une ruche, de son installation de la ruche à la récolte du miel.

Le projet découlait du déclin de certains types d’abeilles dans le monde rural en raison de pesticides.
La saison 2016 marquera la première cohorte de clients autonomes avec leur ruche ayant commencé l’apiculture urbaine avec l’entreprise.

«Le volet éducatif est très important pour nous. Au début, les écoles ne voulaient rien savoir. Maintenant, il y en a 30 avec des ruches. On veut que les gens réalisent qu’on peut produire localement de la nourriture de qualité», explique le cofondateur Alexandre McLean.

Cette partie de la mission de l’entreprise leur tient tant à cœur, qu’Alvéole lancera, la semaine prochaine, une série de 25 capsules vidéos accessibles gratuitement sur leur site Internet pour apprendre soi-même à entretenir une ruche.

Considérant l’ampleur qu’a pris leur mouvement, ils ont décidé d’ouvrir un nouveau local au 7154, rue Saint-Urbain, dans Rosemont–La Petite-Patrie, qu’ils inaugureront mardi prochain (5 avril).

«Maintenant, on aura un espace que les gens pourront louer pour extraire eux-mêmes leur miel, ce qui n’était pas possible dans notre entrepôt sur De Bordeaux», indique M. McLean.

L’an dernier, les ruches que l’équipe d’Alvéole entretient ont produit 11 tonnes de miel.

«Notre miel le plus populaire, c’est celui du Plateau-Mont-Royal. Cette année, au total, on a vendu 10 000 pots pour l’ensemble des quartiers.»

Trop d’abeilles?
Bien que le nombre de ces insectes ait augmenté avec la multiplication des ruches, il n’y aurait pas de danger, selon les instigateurs de l’initiative, puisque leur garde-manger aurait lui aussi grandi.

«S’il y en a une ou deux dans un même secteur, il n’y a pas de problèmes. En plus, dans les deux dernières années, il y a un véritable engouement pour l’agriculture urbaine. Les abeilles ont donc de quoi se nourrir», continue M. McLean.

La doctorante en biologie de l’Université McGill spécialiste de cet insecte, Gail MacInnis, nuance.

«On ne sait pas s’il y a assez de plantes pour toutes les abeilles, incluant les espèces indigènes.»

Selon elle, un programme de suivi des populations devrait être mis en place entre Alvéole et la Ville de Montréal.

«Les ruches vont se multiplier en ville, c’est inévitable. Dans cette mesure, on se doit de faire des études sur l’impact de leur introduction sur la biodiversité. Les ruches peuvent compter jusqu’à 50 000 individus. Ça aura un impact», continue l’experte.

Pour les créateurs d’Alvéole, cependant, il reste encore de l’espace pour cet insecte producteur de miel dans la métropole.

Inauguration de l’Espace Alvéole le mardi 5 avril, de 17h à 21h, au 7154, rue Saint-Urbain. Au menu: dégustation de miels de quartier, bouchées, bières montréalaises, cocktails mielleux et une projection des premières vidéo de la plateforme, en grande primeur.