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Moisson Montréal: Il faudra payer pour distribuer des aliments aux plus démunis

Les paniers de noël fait par Moisson Montréal dans l'urgence avec les élus d'arrondissement et le Maire Denis Coderre. Photo: Isabelle Bergeron/TC Media

Afin «d’améliorer [ses] services pour combattre l’insécurité alimentaire», Moisson Montréal ne proposera plus gratuitement une série de denrées à ses 250 organismes partenaires, qui devront payer une cotisation avant de les redistribuer aux gens dans le besoin.

«Pour aider les citoyens, la communauté, il va maintenant falloir payer. Ça n’a pas de sens», s’emporte Guillaume André, tout en tenant dans ses mains une lettre reçue  de la part de Moisson Montréal.

Le directeur du Centre communautaire multi-ethnique de Montréal-Nord (CCMEMN), qui propose depuis 1991 un comptoir alimentaire chaque jeudi pour venir en aide à près de 150 familles du quartier, ne comprend pas la décision prise par Moisson Montréal, en vigueur dès le 1er octobre.

Une facture de 100 à 5 000$ par an
Bénéficiant gratuitement de dons de nourritures et de produits essentiels au quotidien, cette banque alimentaire – la plus importante du Canada – vient d’instaurer des frais de service de 100 à 5 000$ annuels selon la quantité de denrées distribuées par semaine.

146 000
Le nombre de personnes qui reçoivent, par le biais de Moisson Montréal et des 250 organismes partenaires sur l’île de Montréal, une aide alimentaire tous les mois.

«Facture salée» pour Guillaume André, qui devra s’acquitter de 750$ par an, cette cotisation interpelle également Chantal Comtois, directrice du Service de nutrition et d’action communautaire (SNAC), à Ahuntsic.

«On ne va pas dire « youpi », explique celle qui devrait régler une somme de 2 000$ annuellement. Mais j’ai l’espoir qu’on aura quelque chose en échange, une contrepartie. Si on me fournit davantage de lait, d’œufs, de viande ou de tomates, ça compensera aussi les frais que je dépense pour compléter les services de Moisson Montréal. Mais je n’ai aucune garantie.»

 

Guillaume André, directeur du Centre communautaire multi-ethnique de Montréal-Nord, a été surpris par la somme qu'il devra payer à Moisson Montréal.
Guillaume André, directeur du Centre communautaire multi-ethnique de Montréal-Nord, a été surpris par la somme qu’il devra payer à Moisson Montréal.

«Une pression importante» sur les budgets
Pour justifier cette nouveauté, Moisson Montréal évoque dans une lettre que TC Media s’est procurée «une pression importante [qui] s’exerce sur nos budgets», avec des «besoins qui continuent sans cesse de croître et les défis logistiques liés à la récupération de nourriture qui s’accentuent.»

«Nous voulons améliorer nos services, qui se sont déjà beaucoup développés, pour combattre l’insécurité alimentaire», réagit Richard Daneau, le directeur de Moisson Montréal, qui évoque notamment des frais logistiques et de transports de plus en plus importants, notamment depuis l’introduction, en 2013, de livraison de viandes.

«J’aimerais que cette problématique de la faim se résorbe, mais elle s’accentue années après années. Elle touche même des gens qui ont un emploi et des enfants. On s’active pour faire tourner la roue, mais ça prend du temps et de l’argent. Notre objectif, c’est que les gens mangent à leur faim», reprend M. Daneau.

Une contribution demandée aux clients
Pour compenser cette cotisation, la banque alimentaire propose à ses partenaires de demander une contribution financière à leurs clients, variant de 3 à 7$.

«On demande déjà 5$ aux familles qui viennent se servir chaque semaine. On n’augmentera pas car les gens ont déjà de la misère à payer, assure Guillaume André. On donne même régulièrement gratuitement car ils sont dans le besoin. Ces frais vont nous fragiliser.»

Moisson Montréal ne ferme pas la porte à un éventuel compromis avec les organismes qui seraient «dans une situation trop précaire» afin de « trouver un terrain d’entente.»

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