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Aucun monument en hommage à Fredy Villanueva, déplorent des citoyens

Paul Chiasson / La Presse Canadienne Photo: Paul Chiasson/La Presse canadienne

MONTRÉAL — À quelques jours du 9 août 2018, marquant les 10 ans depuis que Fredy Villanueva est mort sous les balles d’un policier, des militants déplorent qu’aucun monument ni œuvre n’aient encore été créés à sa mémoire — malgré leurs demandes répétées.

Mercredi, le comité de soutien à la famille Villanueva et des sympathisants de cette cause ont organisé une conférence de presse pour faire le point et aussi pour annoncer ce qui est planifié pour la commémoration de la mort du jeune homme de 18 ans en 2008 dans le parc Henri-Bourassa, à Montréal-Nord.

Un rassemblement aura notamment lieu le 9 août dès 17 heures, à l’endroit même où il a perdu la vie. Discours, moments de recueillement, micro ouvert et musique sont au programme. Les gens sont invités à s’habiller de blanc. Y seront aussi exposées des oeuvres confectionnées lors d’un atelier d’art thérapie ayant lieu ce samedi au Musée des Beaux-Arts de Montréal.

Les militants déplorent que la murale-mémoire qu’ils souhaitaient ne deviendra pas réalité et que la Place de l’Espoir, qui sera aménagée à l’intérieur du parc, ne mentionnera aucunement le nom de Fredy Villanueva. L’arrondissement de Montréal-Nord a plutôt choisi d’y placer une capsule temporelle avec des mots écrits, des images et des témoignages. Elle sera ouverte dans 47 ans, en 2065, dans le cadre du 150e anniversaire de l’arrondissement.

«Dans une autre vie», a dénoncé la militante Nargess Mustapha, cofondatrice de l’organisme Montréal-Nord Républik.

Que la Place de l’Espoir ne fasse aucune mention de Fredy Villanueva, «pour nous, c’est une gifle, une claque en pleine face», a déclaré Will Prosper, documentariste, militant des droits civils et cofondateur de Hoodstock, un forum social qui se tiendra à Montréal-Nord le 11 août.

«Pour nous, Fredy, il représente beaucoup de problématiques à Montréal-Nord, beaucoup d’enjeux et le fait qu’on essaie de le cacher le plus possible, ça veut dire qu’on ne veut pas adresser ces enjeux-là», soutient l’homme qui a parlé notamment de pauvreté, de logements infects, de hauts taux de chômage et de décrochage scolaire dans l’arrondissement.

Pourtant ces actes de commémoration sont importants, car encore aujourd’hui, beaucoup de gens ignorent ce qui s’est réellement passé. «Ils ignorent la vraie histoire derrière cette bavure policière», a souligné en point de presse Alexandre Popovic, porte-parole de la Coalition contre la répression et les abus policiers (CRAP).

«Il y a un devoir de mémoire», a aussi fait valoir M. Prosper.

«Son nom a été complètement terni, sali. Il faut rétablir son image pour lui et sa famille», a-t-il ajouté.

Fredy Villanueva fréquentait des organismes du quartier, y allait à l’école, comme à la bibliothèque située près du parc. «C’est un jeune qui n’aurait pas dû mourir», a-t-il soutenu.

La mairesse de Montréal-Nord, Christine Black, a défendu à nouveau sa décision.

«Nous on doit prendre une décision qui est dans l’intérêt de la communauté, de la collectivité. C’est dans ce contexte-là qu’on a fait l’annonce de la création de la Place de l’Espoir», a-t-elle expliqué mercredi devant son hôtel de ville.

Elle a dit que cette décision n’a pas été prise par peur de déplaire à certains, mais plutôt afin de trouver un «projet rassembleur» et de se «tourner vers l’avenir».

Quant à une mention spécifique du jeune homme, Mme Black a expliqué que le sujet étant «très polarisant», l’arrondissement ne pouvait se permettre d’aller dans ce sens-là.

Fredy Villanueva est mort le 9 août 2008 après avoir été atteint par des balles tirées par un policier.

Lors de cette intervention policière, Fredy Villanueva a été tué et deux autres personnes ont été blessées par balles. Dans le groupe de jeunes interpellés parce qu’ils jouaient aux dés pour de l’argent se trouvait son frère, Dany Villanueva, qui avait des antécédents judiciaires, ce qui n’était pas le cas de Fredy.

La mort de Fredy Villanueva a provoqué de violentes émeutes dans l’arrondissement de Montréal-Nord — qui ont marqué les Montréalais — dans la nuit du 10 au 11 août 2008. Plusieurs coups de feu ont été tirés et une policière a même été blessée. Les émeutiers ont incendié des voitures et des camions de pompiers et vandalisé des commerces.

Nés au Honduras, les frères Villanueva sont arrivés au Québec avec leurs trois soeurs, en décembre 1998, venant rejoindre leurs parents qui avaient reçu le statut de réfugié.

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