Montréal-Nord: certains casseurs déjà identifiés

MONTRÉAL – Les enquêteurs montréalais ont déjà identifié certaines personnes qui se sont présentées à la manifestation contre la brutalité policière, mercredi soir, à Montréal-Nord, pour se livrer à du vandalisme.

«Il y a déjà des gens qu’on reconnaît, qui ne sont aucunement des résidants de Montréal-Nord; ce sont des gens qu’on voit dans toutes les causes, dont certaines personnes qu’on connaît bien», a indiqué le commandant Ian Lafrenière, du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), lors d’un entretien avec La Presse Canadienne, jeudi.

Le SPVM estime que la présence de ces personnes démontre assez clairement leur intention de susciter un affrontement avec les forces de l’ordre, d’autant plus que leur arrivée sur les lieux, en fin de manifestation, a coïncidé avec des événements que l’on juge pour le moins suspects.

«Il y a de faux appels qui ont été placés. Plusieurs incendies ont été allumés à des endroits différents pour essayer de faire déplacer les policiers», a raconté le commandant Lafrenière.

«On peut se questionner sur l’intention des gens. Est-ce que c’était de s’en prendre aux policiers? C’est ce qu’on croit», a-t-il dit.

Les policiers croient être en mesure de retracer bon nombre de ces trouble-fêtes, surtout que les citoyens du quartier collaborent.

«On a beaucoup d’images qui vont nous permettre de retracer des gens qui étaient impliqués dans des événements. Plusieurs personnes qui ont été choquées, offusquées, des résidants de Montréal-Nord, nous transmettent de l’information», a dit le commandant Lafrenière.

Le tout avait débuté vers 18h00 par un rassemblement pour souligner l’anniversaire de Fredy Villanueva, ce jeune homme qui est tombé sous les balles des policiers il y a huit ans et qui aurait eu 26 ans mercredi.

Une deuxième manifestation s’était mise en branle vers 20h00 afin de dénoncer la brutalité policière à la suite du décès de Jean-Pierre Bony, tué par les forces de l’ordre lors d’une opération antidrogue la semaine dernière à Montréal-Nord.

Dans les deux cas, les manifestations s’étaient déroulées dans le calme, et ce, jusqu’au dispersement de la manifestation, peu après 21h00.

«Jusqu’à neuf heures, quand les gens ont commencé à quitter, tout s’est fait correctement, dans le respect», a affirmé la présidente de la commission de la sécurité publique de Montréal, Anie Samson, en conférence de presse jeudi.

C’est à ce moment que les gestes de diversion — faux appels et petits incendies — ont été posés.

Les policiers ont choisi de ne pas répliquer et de se contenter de sécuriser les lieux incendiés et vandalisés — incluant leur propre poste de quartier — afin d’éviter la confrontation directe.

«Lorsqu’on a vu que des gens voulaient s’en prendre à des policiers, on a décidé pendant quelques minutes de laisser aller quelques vitrines de notre poste de quartier pour agir par la suite et s’assurer que des policiers ne se retrouvent pas seuls ou dans des mauvaises positions», a expliqué Ian Lafrenière.

«Le choix de la stratégie policière était avant tout d’assurer la sécurité des citoyens de Montréal-Nord, d’éviter la provocation que les casseurs attendaient de la police et c’est pour ça (que les casseurs) ont tourné longtemps dans le quartier parce qu’ils cherchaient les policiers pour pouvoir faire plus de casse et les policiers ne répondaient pas à leurs appels», a précisé Mme Samson lors de son point de presse.

Cette décision n’a toutefois pas été prise de gaieté de coeur, a reconnu le commandant Lafrenière.

«C’est une stratégie qui n’est pas facile, comme policier, à mettre en oeuvre: de voir un édifice endommagé sans agir sur le coup. Il faut comprendre dans quel contexte on se trouvait hier», a-t-il dit.

«Dans le travail policier, il n’y a pas toujours des règles préécrites avec un mode d’emploi pour s’assurer d’un bon résultat», a-t-il conclu.

Selon le bilan final, les vitrines du poste de police et de six commerces ont été fracassées, six véhicules ont été incendiés et cinq autres ont été endommagés.