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La maison ancestrale Godefroy-Wilson sera-t-elle démolie?

Photo: Isabelle Bergeron/TC Media

Un couple veut démolir la maison Godefroy-Wilson, qui serait en piteux état, pour y construire leur nouvelle demeure. Toutefois, l’arrondissement de L’Île-Bizard – Sainte-Geneviève ainsi que la Société patrimoine et histoire s’y opposent, prétextant que le bâtiment, construit vers 1831, possède une valeur patrimoniale.

«On respecte toute l’histoire de la famille Wilson, et la durée de vie de la maison est admirable […] mais on se demande vraiment si elle mérite d’être entretenue. À partir de quel moment doit-on se poser la question si ça vaut toujours la peine d’investir pour maintenir un bâtiment patrimonial non cité?», a questionné le nouveau propriétaire, Stephan Timu, lors de la rencontre du Comité consultatif d’urbanisme (CCU) du 20 juillet.

Pour sa part, Philippe Voisard, le président de la Société patrimoine et histoire, a obtenue plus de 600 signatures pour sa pétition contre la démolition. «On n’a pas le droit de faire tout ce qu’on veut. C’est un morceau du patrimoine qu’on veut conserver tout en permettant aux propriétaires d’agrandir ou d’ajouter des annexes», dit-il.

Selon un rapport commandé par M. Timu, la maison est contaminée par la moisissure, il y a des infiltrations d’eau et des odeurs de cannabis, les planchers ne sont plus à niveau et des troncs d’arbres servent de poutres de soutien. «On s’est aperçu, avec regret, que ça fait peut-être 40 ou 50 ans que la maison manque d’amour», a déploré Stéphane Côté, le président du CCU.

Plus de 750 000$ seraient nécessaires pour rénover la maison selon les estimés de M. Timu. «On veut bâtir notre famille à L’Île-Bizard, vivre et habiter confortablement pendant des années. On ne veut pas avoir des problèmes de structure ou de soutien dans le futur», avance-t-il.

On ignore toutefois les coûts qu’engendreraient la démolition de la maison et à combien se chiffre la nouvelle construction projetée.

Réaction de la ville
«Je serais pour une restauration, mais on constate que c’est peut-être trop tard. Le CCU est très fâché que cette maison soit passée sous le radar», a admis M. Côté.

Le maire Normand Marinacci s’est montré tout aussi désolé. En 2000, il a répertorié une quinzaine de bâtiments patrimoniaux sur l’île. Comme plusieurs autres, la maison Godefroy-Wilson n’a pas été identifiée, et encore moins ajoutée à la liste du patrimoine à conserver.

Ce n’est qu’au moment où les Timu ont déposé en février leur première demande de démolition que le CCU de L’Île-Bizard a pris connaissance de l’existence de cette maison, selon ce qu’a dit M. Côté à TC Media.

«On arrive aujourd’hui avec un citoyen qui a acheté une maison qui n’est pas citée, et au moment de la démolition, on lui dit qu’il ne peut pas le faire. Ce n’est pas aussi simple que ça! déplore-t-il. Je souhaiterais garder la maison et trouver un terrain d’entente, mais il y a des contraintes légales à suivre».

La décision de démolition sera prise cet automne à huis clos.

Patrimoine culturel
Si le CCU rejette la demande des propriétaires, un processus de classement patrimonial pourrait alors être entamé. Le cas échéant, les Timu devront travailler de pair avec la division urbanisme, permis et inspection.

«On pourrait envisager un nombre infini de scénarios, notamment la restauration, la rénovation et le déplacement», précise la chef de division, Karina Chaou.

Les propriétaires se sont montrés ouverts, mais «investir au niveau des fondations, là où la maison en a le plus besoin, sans que l’on puisse garantir que le tout va durer au moins 30 ou 40 ans» n’est pas une option pour eux.

Histoire
Le dentiste André Wilson est né en 1938 et a grandi dans cette maison ancestrale. «Je trouverais ça triste qu’on la démolisse, à cause de son histoire et du passé agricole de l’île», a-t-il confié à TC Média.

La famille Wilson était notamment active à l’Île-Bizard au moment de la culture maraîchère, cultivant haricots, tomates, blé d’inde et autres produits.

Maxime Wilson, l’arrière-grand-père du septuagénaire, a offert en cadeau de mariage la maison au grand-père Godefroy, conseiller municipal de 1899 à 1902. la maison a ensuite appartenu à sa sœur, jusqu’à son décès en 2007.

Elle a été construite par l’ancêtre de la famille, John, débarqué de Lisbonne au Portugal pour fonder sa famille avec Marguerite Paquin de l’Île-Bizard. Il s’agit de l’une des plus anciennes résidences de l’île.

M. Wilson souhaite que la maison soit conservée.

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