Soutenez

Feu vert à l’inversement de la ligne 9B: les pétrolières se réjouissent

Photo: Métro

Un an après avoir annoncé que des nouveaux tests seraient nécessaires avant de procéder à l’inversion de la ligne 9B d’Enbridge, l’Office national de l’énergie (ONÉ) a finalement donné le feu vert au projet tant attendu par les compagnies pétrolières Valero et Suncor. Selon elles, la décision aura un impact positif sur l’emploi dans l’est de Montréal.

Le projet qui vise à inverser un tronçon de 639 kilomètres de la canalisation entre la municipalité de North Westover, en Ontario et Montréal, devrait augmenter la capacité de transport de 240 000 à 300 000 barils par jour afin d’alimenter deux raffineries au Québec, soit celle de Suncor à Pointe-aux-Trembles, ainsi que celle de Valero à Lévis.

Julie Cusson, directrice principale aux affaires publiques et gouvernementales de Valero, explique que la compagnie est prête à transporter et raffiner le pétrole provenant des sables bitumineux de l’ouest canadien depuis au moins un an.

Lorsque le pipeline sera fonctionnel à pleine capacité, de deux à trois navires par semaine assureront le transport du cru entre Montréal-Est et Lévis où il sera raffiné. Au total, une centaine d’emplois seront alors créées par Valero.

«Nous avons besoin de personnel pour assurer le transport par bateau, alors nous sommes présentement en processus de recrutement pour combler ces postes», explique Mme Cusson.

Elle admet que des sommes importantes d’argent ont été perdues en raison des retards occasionnés par les nouveaux tests demandés par l’ONÉ, mais se dit tout de même heureuse de voir que le projet voit finalement le jour.

«Nous avons fait des investissements de l’ordre de 200 M$ à Montréal-Est et Lévis afin d’être en mesure de transporter, stocker et raffiner ce pétrole. Nous sommes donc très heureux de cette nouvelle et avons très hâte de commencer à recevoir du pétrole canadien qui nous permettra d’être plus compétitifs.»

La compagnie qui s’approvisionne présentement à 100 % de pétrole provenant de l’international, réduira ce pourcentage de moitié avec l’arrivée du pétrole albertain.

De l’enthousiasme chez Suncor
Chez Suncor, l’idée d’avoir accès à du pétrole canadien plus abordable est accueillie avec enthousiasme.

«Il y a une concurrence féroce dans le milieu de la pétrochimie et l’arrivée de ce pétrole plus abordable, nous permettra d’être plus compétitifs et d’assurer les emplois de nos 400 travailleurs permanents à la raffinerie pendant encore plusieurs années», indique Dean Dussault, conseiller principal aux communications de la raffinerie de Suncor.

Il explique que la raffinerie conservera les mêmes ratios de raffinage, soit de 135 000 barils par jour et que tout le pétrole raffiné proviendra de l’ouest du pays.

«Présentement nous nous approvisionnons de ce pétrole par voie ferroviaire, mais le pipeline rendra le processus plus sécuritaire et nous donnera une plus grande flexibilité opérationnelle, qui à son tour, nous assurera une plus grande rentabilité», dit-il.

Enbridge n’a pas encore dévoilé la date exacte à laquelle le pipeline sera fonctionnel, mais les raffineries espèrent que ce le sera d’ici la fin de l’année.

carte pipeline oléoduc 9b enbridge

Les environnementalistes dénoncent la décision de l’ONÉ

Si l’inversion du flux de la ligne 9B réjouit les compagnies pétrolières, les groupes environnementalistes dénoncent le manque de rigueur et de sévérité de la part de l’Office national de l’énergie (ONÉ) et mettent en garde la population contre le projet d’Enbridge.

Vincent Marchione, président du comité de vigilance de l’est de Montréal, craint que l’arrivée de ce pétrole «sale» de l’ouest, comme il le décrit, affecte la qualité de l’air du secteur et mette en risque la sécurité des citoyens.

«Ce pipeline traverse des zones résidentielles denses de Rivière-des-Prairies et de Pointe-aux-Trembles. Les tests demandés par l’ONÉ sont une vraie blague, alors oui je suis inquiet pour la sécurité des citoyens et pour leur santé en ce qui concerne la qualité de l’air.»

M. Marchione est convaincu que le raffinage de ce pétrole diminuera nettement la qualité de l’air qui s’est pourtant amélioré au cours des dernières années.

«Ce pétrole corrosif est connu pour être le pétrole le plus sale au monde et il s’en vient chez nous, dit-il. Sans parler des possibles déversements qu’il peut y avoir dans le fleuve, je ne pense pas que les assurances exigées à Enbridge puissent réparer les énormes dommages en matière d’environnement si jamais il y a un déversement.»

Réformer l’ONÉ
Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace exige de son côté des reformes importantes au sein de l’Office nationale de l’énergie.

«L’adoption du projet de loi mammouth C – 38 et l’affaiblissement des protections environnementales par le gouvernement Harper ont rendu l’ONÉ plus biaisé et antidémocratique que jamais. Le gouvernement actuel a tout fait pour faciliter l’approbation des projets de pipelines, limitant la participation du public et ignorant les émissions de gaz à effet de serre liées à ce projet d’expansion des sables bitumineux», dit-il.

M. Bonin déplore également que l’ONÉ ait acquiescé aux demandes d’Enbridge de diminuer les exigences pour les tests de sécurité car selon lui «ceci a eu pour résultat d’ouvrir la porte à la pétrolière.»

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.