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Les Haïtiens de Montréal-Nord et Rivière-des-Prairies manifestent pour éviter l’expulsion

Le Comité d’action des personnes sans statut a organisé une manifestation dimanche 27 décembre 2015 pour soutenir plusieurs milliers de sans-papiers haïtiens. Photo: Collaboration spéciale/TC Média

Menacés d’expulsion, plus de 3000 Haïtiens sans-papiers, habitant principalement à Montréal-Nord et Rivière-des-Prairies, se montrent très anxieux pour leur avenir au Québec. Ils réclament au gouvernement libéral de Justin Trudeau une résidence permanente et n’hésitent pas à se faire entendre dans les rues.

Plus de 200 personnes ont manifesté dimanche 27 décembre, à l’appel du Comité d’action des personnes sans statut (CAPSS), pour soutenir de nombreux Haïtiens de la ville, sans statut légal pour séjourner à long terme sur le territoire. «Une politique avec deux poids, deux mesures», selon le porte-parole de l’association qui compare cette situation avec l’arrivée des 25 000 migrants syriens au Canada.

«On leur déroule le tapis rouge, on leur trouve un emploi, on les aide, mais on oublie tous ces Haïtiens de Montréal, regrette Serge Bouchereau. Nous soutenons évidemment leur arrivée, mais pour tous ces Haïtiens en attente de papiers, c’est frustrant.»

«J’ai le sentiment d’être abandonnée, assure Marie-Migda Clément, une Haïtienne arrivée fin octobre 2012 à Montréal-Nord après avoir subi des violences de la part de son ex-compagnon. Je suis très contente pour ces Syriens, mais pourquoi ne s’occupe-t-on pas de nous ?»

Des avis de renvoi déjà reçus
Alors que le gouvernement Harper avait levé le moratoire sur la suspension des renvois le 1er décembre 2014, plaçant ainsi des milliers d’Haïtiens dans l’incertitude après être arrivés au Canada sans statut légal suite au coup d’État de 2004, aux incertitudes politiques ou au séisme de 2010, plusieurs dizaines de réfugiés ont déjà reçu, ces derniers mois, un premier avis de renvoi.

«Ces gens ont fui leur pays en raison de violence, de guerre ou de viols. Ils se sont pour la plupart bien intégrés, ont des enfants nés au Québec, tentent de travailler. Ce n’est pas normal de vouloir les renvoyer», déplore M. Bouchereau avant d’évoquer les «quelques milliers de dollars dépensés par certaines familles en frais d’avocat pour obtenir une résidence permanente qui tarde à arriver ou qui est refusée.»

Le gouvernement devrait prendre une décision rapidement
Pour obtenir des réponses à toutes ces interrogations que se posent ces Haïtiens, le CAPSS est parti à la rencontre du Premier ministre Justin Trudeau le 10 décembre dernier.

«On nous a fait des promesses durant la campagne électorale: personne ne devait être renvoyé chez lui, explique M. Bouchereau. Nous sommes donc allés à Ottawa à la Chambre des Communes pour interpeller le gouvernement. Je pense qu’on part dans la bonne direction, mais une épée de Damoclès reste sur la tête de ces milliers de gens.»

Un sentiment confirmé par Marie-Migda Clément, dont le permis de travail temporaire expire début mars 2016 et qui a déjà vu ses deux premières demandes de résidence refusée. «L’insécurité est permanente à Haïti, je ne veux pas y retourner. Ici je me sens bien, je travaille et j’attends même un enfant. C’est très stressant.»

«Le gouvernement nous a promis une décision « sous peu » mais on ne connaît ni les délais, ni le contenu, reprend le porte-parole de CAPSS. Tout le monde est très anxieux. Que faire en cas d’une décision défavorable ? Je ne peux pas imaginer de voir des renvois en ce moment.»

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