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Des commerçants bloquent un projet de marché fermier au parc Molson

Photo: Isabelle Bergeron/TC Media

Des commerçants de la rue Beaubien dans La Petite-Patrie ont fait avorter le projet de marché fermier au parc Molson, proposé par l’organisme l’Autre Marché, qui organise notamment chaque été celui du Technopôle Angus. Craignant une trop forte concurrence, ils n’ont pas donné leur accord, contraignant l’arrondissement à faire machine arrière.

«Les mercredis du parc Molson» devaient accueillir, à compter du 12 août et jusqu’au 14 octobre, une quinzaine de producteurs et artisans locaux, ainsi que proposer diverses activités gratuites destinées aux familles, un après-midi par semaine.

Pour que son projet aboutisse, l’Autre Marché devait absolument obtenir l’appui complet de l’Association des commerçants et professionnels de Beaubien Est et de sa trentaine de membres. Or, l’arrondissement a confirmé qu’une «minorité d’entre eux ont refusé de donner [leur accord].»

«Certains commerçants nous ont clairement fait comprendre qu’ils n’en voulaient pas, indique Patrick Beaudry, porteur du projet à l’Autre Marché. On veut travailler avec l’Association, mais je suis étonné qu’une minorité puisse bloquer un événement que les gens veulent, simplement pour des intérêts personnels.»

«Cela a été la stupéfaction de voir que les commerçants étaient vraiment contre alors qu’une majorité des membres du conseil d’administration y était favorable, avoue Chantal Laperrière, présidente de l’Association. Personnellement, je voyais cela comme une activité estivale dans le parc qui dynamiserait le quartier. Je ne voyais pas la menace, mais il est vrai que je n’ai pas de commerce d’alimentation.»

Concurrence au pas de la porte
Marc Bougie, propriétaire du Provigo sur la rue Beaubien, était d’avis que de tels «événements ne devraient jamais venir en concurrence directe avec les commerçants avoisinants.»

«Je ne pense pas pouvoir bénéficier de l’achalandage extérieur tel que présenté par le promoteur. Ma clientèle est celle de l’arrondissement qui est une clientèle locale et non en déplacement comme c’est le cas des régions touristiques», a-t-il fait savoir dans un communiqué.

«Nous partageons sa position», a indiqué, pour sa part, la boulangerie de Froment et de Sève.

«On a été déçu de la présentation du projet dès le départ, confie une commerçante de la rue Beaubien qui ne souhaite pas être nommée. On nous disait que des producteurs allaient venir vendre de la charcuterie, du pain; nos produits finalement et en plus, dans notre cour. On ne voyait pas la plus-value pour nos commerces.»

M. Beaudry croit que l’événement aurait été bénéfique pour le quartier. «Nous étions prêts à faire des compromis, par exemple, ne pas faire venir de boulanger sur le marché», précise-t-il.

Il évoque également une étude sur les impacts économiques des marchés publics agroalimentaires au Québec, publiée en mars 2011 par l’Association des marchés publics du Québec (AMPQ), qui démontre que la tenue d’un tel événement peut attirer de nouveaux clients.

Sur plus de 2300 internautes interrogés, près de 40% ont mentionné réaliser des «activités connexes liées à une sortie au marché public». Le magasinage et la fréquentation des restaurants et cafés arrivent en deuxième et troisième positions.

Mme Lapperière ajoute que les commerçants ont «manqué de temps pour approfondir» la proposition. «La prochaine fois, il faudra y aller avec un vote si on ne peut pas obtenir l’unanimité. Notre but est de favoriser le quartier et si ce n’est pas avec ce promoteur, ce sera peut-être avec un autre», estime-t-elle.

Malgré une rencontre de la dernière chance, le 25 juin, où l’arrondissement a joué le rôle de médiateur, aucun compromis satisfaisant n’a pu être trouvé.

«Nous aurions souhaité la tenue de ce marché public puisqu’il aurait certainement contribué à l’animation et à la qualité de vie du quartier, a expliqué le maire François Croteau, par voie de communiqué. Toutefois, l’Association est un partenaire important. Notre priorité est de travailler de concert avec les commerçants et de respecter leur volonté.»

L’Autre Marché a mis en place une pétition en ligne qui a récolté plus de 400 noms en une semaine selon M. Beaudry.

L’arrondissement espère «être en mesure de trouver un compromis pour que l’événement ait lieu l’an prochain.»

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