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Les Pollués mesureront le bruit des avions

Par Amine Esseghir et Marie-Pier Gagné

Le comité de citoyens Les Pollués de Montréal-Trudeau ont récemment lancé une campagne de collecte de fonds pour se procurer des stations de mesure du bruit, qu’ils installeront un peu partout sur l’Île de Montréal, notamment à Saint-Laurent.

Cette démarche vise à fournir des arguments chiffrés aux autorités fédérales pour démontrer que le bruit des avions qui décollent ou atterrissent à l’aéroport Montréal-Trudeau est dérangeant pour les Montréalais qui résident à l’est de l’autoroute 15.

«On espère amasser 10 000$ qui nous permettront de couvrir l’acquisition d’une dizaine d’appareils de mesures», soutient Raymond Prince, directeur du comité les Pollués de Montréal-Trudeau.

Les stations seront implantées pour la plupart dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, mais les Pollués en installeront au moins deux à Villeray et à Saint-Laurent.

S’ils comptent sur la contribution directe des citoyens, les Pollués ont déjà approché des élus pour les sensibiliser à leur action.

«Nous avons déjà parlé de notre initiative à des représentants politiques de tous les paliers de gouvernement, nous espérons qu’ils apporteront un soutien financier au projet», indique M. Prince.

Dans un communiqué publié le 10 juin, le président des Pollués, Antoine Bécotte, mettait en évidence la localisation des stations de mesure de bruit de Aéroports de Montréal (ADM) uniquement à l’ouest de l’autoroute 15.

«À partir des résultats enregistrés par ses stations de mesure, ADM conclue qu’il n’y a pas de problématique de bruit au sein des secteurs à l’est de l’autoroute 15 ainsi que du secteur nord-est de Saint-Laurent. Cette société privée juge donc inapproprié de donner suite à nos demandes d’en positionner quelques-unes sur ce territoire. Nous allons donc le faire nous-mêmes.»

Système mondial d’observation

Les stations de mesure seront achetées auprès de Worldwide Aircraft Noise Services, une organisation européenne qui soutient les efforts de groupes de citoyens pour démontrer les nuisances sonores qu’ils subissent.

Worldwide Aircraft Noise Services milite pour la réduction du bruit des avions. Elle relaye aussi les plaintes des personnes qui résident sous les couloirs aériens ou à proximité des aéroports.

Les données enregistrées par chacune des stations de mesure au moyen d’un capteur installé à l’extérieur des résidences, sont transmises chaque heure à cette organisation via internet. Elles sont analysées pour filtrer uniquement les bruits d’avion et détecter l’empreinte sonore des aéronefs. Les résultats sont ensuite publiés via le: www.ww-ans.net.

Décibels et statistiques en continu

Les données obtenues fourniront le niveau de décibel provoqué par le passage des aéronefs et la direction des vents lors de leur passage. Des statistiques journalières, mensuelles et annuelles peuvent être compilées.

«Nous allons pouvoir prouver avec ces stations de mesure que la pollution sonore au-dessus de Montréal est beaucoup plus significative que ne le laisse entendre ADM, lance Raymond Prince. Nous pourrons démontrer également que l’empreinte sonore s’étend au-delà des seuls corridors identifiés par les gestionnaires de l’aéroport et que ce sont des milliers et des milliers de citoyens qui sont affectés par le laxisme d’ADM.»

De son côté, Aéroports de Montréal doute des résultats qui seront obtenus par le comité de citoyens. «Ça va démontrer que c’est vrai qu’il y a du bruit, mais leurs données ne seront pas meilleures que les nôtres, puisque nous prenons nos mesures en bout de piste», affirme Christiane Beaulieu, porte-parole d’ADM. Elle précise d’ailleurs que les appareils qu’utilise son organisation sont calibrés par des professionnels et que les données obtenues par les Pollués risquent d’être inexacts, puisqu’ils engloberont les bruits ambiants.

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