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Les petits miracles du centre de prélèvement de Sacré-Coeur

Photo: Sylvain Gagnon / TC Media

Aller à l’école, faire du sport ou jouer sont des activités que l’on tient souvent pour acquis. Mais pour des jeunes greffés comme Laurend et Pénélope, il s’agit là d’une chance inouïe qu’ils doivent au Dr Michel Lallier et au Centre régional de prélèvement de l’hôpital Sacré-Cœur (CPO), qui fournit le tiers des organes transplantés au Québec.

On compte environ 1090 greffes par année au Québec, ce qui en fait la province la plus performante au Canada et un chef de file à l’échelle mondiale. Un résultat qui n’est pas étranger à l’efficacité de l’équipe interdisciplinaire dédiée du CPO, composée notamment d’intensivistes, d’infirmières, d’anesthésistes et de pathologistes disponibles en tout temps, 365 jours par année.

Leur expertise a permis le prélèvement de 35% de tous les organes transplantés à partir des donneurs québécois. L’an dernier seulement, 177 organes et tissus ont été recueillis, dont 81 reins, 42 poumons, 31 foies, 15 cœurs et 8 pancréas. Chaque donneur peut fournir, dans des conditions idéales, un maximum de huit organes.

Malgré un budget d’opération de 3M$ par année, le CPO de Sacré-Cœur, le seul du genre au pays, permet des économies substantielles. Seulement pour la dialyse, chaque patient coûte environ 50 000$ par année.

Un cadeau
Réal Desrochers fait partie des bénévoles de l’Association canadienne des dons d’organe depuis plusieurs années. «On s’assure d’amener les organes à bon port dans les meilleurs délais.» Jamais il n’aurait imaginé un jour bénéficier de ces services.

En septembre dernier, l’implication du policier de l’escouade nautique, basé à Lachine, a pris un tout autre sens lorsque son fils Laurend a été diagnostiqué d’un cancer du foie.

«La tumeur était trop proche de la veine cave, une artère principale, ce qui fait que l’opération était impossible. Sa seule chance de survie, c’était la greffe», confie son père.

Prioritaire considérant son âge et son état, Laurend a reçu un nouveau foie le 24 décembre. «Ça devait être le plus beau des cadeaux de noël», explique le garçon de 10 ans. Mais le foie a présenté des anomalies et une deuxième greffe est devenue nécessaire.

«J’ai commandé un autre cadeau», dit-il candidement. Heureusement, le CPO a pu lui en fournir un autre aussi vite que quatre jours plus tard.

Depuis, outre les traitements de chimiothérapie, la santé de Laurend s’améliore de jour en jour et il a repris une vie normale.

Deuxième vie
Lallier chapeau et Penelope
«Le don d’organe, c’est une chance pour nous d’avoir une deuxième vie» explique Pénélope, une adolescente de Notre-Dame-de-Grâce. Alors qu’elle avait à peine trois mois, elle a été diagnostiquée du syndrome néphrotique de type finlandais, une maladie congénitale qui empêche ses reins de fonctionner.

«Les quatre premières années de sa vie ont été extrêmement difficiles», se rappelle avec beaucoup d’émotion son père, Louis Charest. «Elle devait faire 18 heures de dialyse par jour. Elle a subi 23 opérations de toute sorte, en plus de ne pas pouvoir avoir une vie d’enfant». La famille tout comme les proches ont dû faire de nombreux sacrifices pour la soutenir.

L’appel pour un nouveau rein est arrivé dans la nuit du 28 juin 2004. «Moi je ne voulais pas y aller, je voulais finir de dormir», avoue Pénélope qui aujourd’hui, est complètement guérie, va à l’école et s’implique même chez les scouts.

Pour M. Charest, le don d’organe permet de faire de petits miracles.

Savoir qu’une partie de la personne que tu as aimé peut permettre de continuer à vivre, ça doit être un baume sur la perte de l’être cher, sur le deuil qu’on doit faire.»

Enjeux
Pour atteindre des niveaux encore plus probants, le Dr Pierre Marsolais, interniste-intensiviste à l’origine du CPO, souhaite que des équipes dédiées soient implantées un peu partout au Québec.

«C’est un modèle qui a fait ses preuves depuis deux ans et qui doit être multiplié. Ce n’est plus juste une question d’avoir assez de donneurs, mais aussi d’avoir le personnel nécessaire pour identifier et préserver la qualité des organes potentiels. On sauve des vies en plus de faire des économies importantes en santé», plaide-t-il.

Le Dr Marsolais espère qu’il y aura la volonté politique pour mieux desservir la province. Entretemps, il doit se rendre en Europe prochainement pour vanter les mérites et les succès du centre de prélèvement qu’il a pris plus de sept ans à mettre sur pied.

Tabous
Le don d’organe et de tissus, de son vivant comme à son décès, constitue une geste de solidarité exceptionnelle. Trop de gens sont encore réticents à signer leur carte, le signifier à la RAMQ ou chez les notaires. «Ça ne fait pas mourir, il faut faire tomber les tabous», affirme le Dr Michel Lallier, qui a aidé à mettre sur pied le CPO de Sacré-Coeur. «Les gens ont peur que les médecins ne fassent pas le maximum. Mais on est là pour sauver des vies, pas pour préserver des organes.»

Le travail des infirmières ressources, qui font le contact avec les familles, est d’autant facilité pour accélérer le processus. Le temps est un facteur déterminant dans le succès des transplantations.

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