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Les Cambodgiens de Montréal appellent au boycottage des élections

Cambodian police force stand in formation during inspection ceremony at the Olympic National stadium in Phnom Penh on July 25, 2018 in preparation for the July 29 general election. Cambodian police were ordered on July 25 to be ready to crack down on the opposition remnant who would cause "political chaos" during this weekend national election that will extend premier Hun Sen's rule. / AFP PHOTO / TANG CHHIN Sothy Photo: AFP

Près de 600 ressortissants cambodgiens sont attendus samedi au centre-ville de Montréal pour réclamer le boycottage des élections législatives qui doivent avoir lieu le lendemain au pays des Khmers. En même temps qu’à Montréal, des manifestations sont prévues partout dans le monde en solidarité avec les Cambodgiens opposés au régime, qui ne peuvent partager publiquement leur opinion politique.

Des manifestations internationales
«Lors de la manifestation mondiale, les Cambodgiens se lèvent avec leurs amis en Europe, en Corée, au Japon, aux États-Unis au Canada, en Australie. C’est partout dans le monde. Cette manif, c’est pour appeler les Cambodgiens à boycotter le vote, ce sont des élections frauduleuses», a expliqué à Métro Sokha Ly, un réfugié politique arrivé au Canada en 1980 et un des organisateurs de la manifestation montréalaise. Ce mouvement international et «historique», selon M. Ly, a été initié par Sam Rainsy, actuellement en exil, qui est à la tête du nouveau parti d’opposition Cambodia National Rescue Movement (CNRM), créé au début de l’année.

«Les Cambodgiens au pays ne peuvent plus parler. Ils ne peuvent rien faire. Alors, c’est aux Cambodgiens de l’extérieur du pays et aux pays démocratiques de les aider. On ne peut pas laisser passer. Il ne faut pas laisser le Cambodge tomber dans une dictature cruelle comme dans les années 1970 sous le régime des Khmers rouges», a ajouté M. Ly.

L’opposition muselée au pays
Si les ressortissants cambodgiens manifestent partout dans le monde, c’est aussi une manière de montrer leur solidarité avec leurs compatriotes restés au pays, qui eux, ne peuvent manifester. Au pouvoir depuis 33 ans, le premier ministre Hun Sen, un ancien Khmer rouge aujourd’hui à la tête du Parti du peuple cambodgien (PPC), compte bien rester en place. Il a d’ailleurs tout fait pour que ces élections soient jouées d’avance: censure des journaux d’opposition, arrestations d’opposants politiques et interdiction des rassemblements politiques. Habitué aux déclarations fracassantes, l’homme fort du Cambodge a promis «l’enfer» à ses opposants, les invitant à «préparer leurs cercueils» en cas de contestation et assurant vouloir se maintenir au pouvoir «encore pour les deux prochains mandats».

«La galaxie des Hun Sen, ce que nous appelons l’élite dirigeante du Cambodge qui se compose des forces de sécurité, du parti au pouvoir et de la famille et des proches de Hun Sen, contrôle l’ensemble des institutions cambodgiennes et de larges secteurs de l’économie» – Andrea Girogetta, responsable Asie de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).

La répression s’est intensifiée au Cambodge dans les dernières années. En 2013, le parti de Hun Sen avait été inquiété par l’opposition, qui, à la surprise générale, avait failli remporter les élections législatives. Le parti d’opposition avait par la suite été dissous par le régime et son chef, Kem Sokha, est actuellement emprisonné. «La loi empêche les gens de se réunir en groupes de plus de 10 personnes. Dans certains cas, les jeunes qui critiquent le régime peuvent être accusés et sont menacés d’emprisonnement. Les gens sont terrorisés», a raconté Sokha Ly. Il a affirmé être en contact régulier avec des proches au pays, qui lui font état d’une ambiance tendue, marquée par la pression et les menaces.

Des sanctions attendues
Le but de ces manifestations, a expliqué Sokha Ly, est aussi d’obtenir de l’aide de la communauté internationale. L’Union européenne et les États-Unis ont récemment durci leur position face au régime en annulant leur aide pour l’organisation des élections. M. Ly espère que le Canada ne reconnaisse pas les résultats de ces «élections frauduleuses». Il souhaiterait aussi que le Canada refuse de donner des visas aux officiels cambodgiens ainsi qu’à leurs proches. «Dans le pire des cas, on demande au Canada de suspendre ses exportations vers le Cambodge», a-t-il ajouté.

La manifestation débutera au Square Phillips samedi 28 juillet à 9h30.

Avec l’Agence France-Presse

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