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Douche froide pour les consommateurs de porno en Islande

Kieron Monks - Metro World News

L’Islande deviendra la première démocratie occidentale à bannir la pornographie sur l’internet. Son projet de loi sera complété en mars.

Ce pays scandinave a un des taux les plus élevés de viols dans le monde développé. À la suite d’une consultation publique sur les crimes de nature sexuelle, le gouvernement a conclu que la pornographie était en partie responsable de ce phénomène. «La pornographie violente influence la nature – et peut-être la portée – de la violence sexuelle. L’industrie de la porno est trop accessible aux enfants; nous devons nous attaquer à ce problème», déclare Halla Gunnarsdottir, conseillère au ministère de l’Intérieur.

La publication et la distribution de matériel pornographique sont déjà illégales en Islande, et le gouvernement se concentre maintenant sur le matériel extrême. «On se concentre sur les mots “violent” et “dégradant”, bien que le courant dominant soit lui-même devenu extrême», explique Mme Gunnarsdottir.

Les supporteurs du projet de loi avancent que les habitudes criminelles reflètent l’essor de la porno. «On peut facilement observer l’influence de la pornographie dans la fréquence des viols collectifs, ainsi que dans les méfaits commis et le langage utilisé par les criminels», dit Hildur Fjóla Antonsdóttir, chercheure au centre RIKK d’Études sur les femmes et le genre.

Malgré cela, la mise en vigueur de la loi s’annonce difficile, car celle-ci fera face à une forte opposition technique et morale. «Tout le monde utilise le cryptage, donc on doit tout censurer avec un mot de passe ou accepter que la censure n’est pas la solution, pense Smári McCarthy, directeur de l’Institut international des médias modernes. Il est possible d’arriver à un faible niveau de censure, mais ça ne dissuadera pas les gens et ça servira d’excuse pour les régimes oppressifs dans les autres pays.»

Les lois islandaises n’offrent aucune garantie de succès, dit Richard Wortley, professeur à la tête du département des Sciences de la sécurité et du crime au University College de Londres. «Les études sur l’exposition à la pornographie violente sont contradictoires, et il est impossible d’en mesurer l’impact à long terme. Les gens peinent à séparer la moralité de la science, car c’est un sujet sensible. L’effet peut être sérieux, mais il est important de réaliser que la société n’est pas non plus en train de s’effondrer.»

Le gouvernement islandais considérera diverses propositions avant l’élection nationale, en avril. Les élus ont par ailleurs exprimé leur désir de voir les autres pays emboiter le pas.

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