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La noyade annoncée des Tropiques

Photo: Matthieu Rytz/La fonte des tropiques

Le paradis est à l’agonie, et il se meurt dans l’étuve planétaire léguée par des siècles d’industrialisation débridée. L’exposition La fonte des tropiques illustre en photos la disparition prochaine des îles Marshall et Kiribati, petits Éden du Pacifique condamnés à disparaître sous la lente mais inexorable montée des eaux océaniques.

«D’ici 2030, ces deux républiques devront évacuer leurs 150 000 habitants pour qu’ils trouvent refuge ailleurs. Kiribati fait dès maintenant l’acquisition de terres sur les îles Fidji pour assurer la survie de son peuple. Paradoxalement, les îles Marshall et Kiribati figurent parmi les nations les moins polluantes de la planète», explique Matthieu Rytz, qui s’est rendu sur place au début de l’année pour témoigner des derniers jours de ces deux paradis terrestres avant qu’ils ne meurent submergés.

Ce Suisse à qui Montréal doit la venue annuelle du World Press Photo ne se décrit pas comme un militant dévoué à la cause environnementale. Anthropologue de formation, Matthieu Rytz offre plutôt matière à réflexion sur les impacts qu’auront les changements climatiques sur l’Histoire de l’humanité.

«Ces atolls sont les sentinelles de notre planète, un peu comme les canaris que l’on sacrifiait au fond des mines au XIXe siècle et qui, en s’évanouissant, alertaient les hommes sur les dangers d’une explosion imminente. Si rien ne change dans notre rapport à la nature, le XXIIe siècle pourrait être celui de grandes – et douloureuses – migrations humaines», évoque le photographe en rappelant que «les habitants de Manhattan ou de Montréal sont eux aussi entourés par les mêmes eaux qui noieront les îles Marshall et Kiribati dans les 15 prochaines années».

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Ces deux pays qui se meurent dans l’indifférence illustrent, selon M. Rytz, la discrimination qui ostracise les victimes climatiques les plus pauvres : «Le président de Kiribati, Anote Tong, m’a dit qu’il n’avait rien dans son pays, qu’il n’avait rien à offrir sinon du thon. Il est conscient que son pays disparaîtra dans le silence général, parce qu’il sait que personne, dans le monde, n’a intérêt à le sauver.»

M. Rytz rappelle qu’au cours de l’ouragan Sandy – qui était une des pires tempêtes à frapper la côte est américaine –, la bourse de Wall Street a continué à fonctionner grâce à des génératrices. Preuve, selon lui, que «les impacts climatiques sont moins grands pour ceux qui sont assez riches pour y faire face.»

La fonte des Tropiques
Présentée jusqu’au printemps
Devant le métro Saint-Laurent

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