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Sujets français cherchent roi

Photo: Getty

bandeau nostalgieLes mots «Vive le Roi!» résonnent encore dans quelques chaumières de France, scandés par des citoyens «déçus de la République» pour qui la liberté, l’égalité et la fraternité révolutionnaires de 1789 sonnent creux. Ils sont royalistes, et leur solution pour redonner une «âme» à la France est de remettre un monarque à sa tête, 121 ans après que celle de Louis XVI eut été coupée par la guillotine.

Unir les Français sous «Sa Majesté»
«Nous ne sommes pas des mondains ni des artistos», explique Sandrine Pico-Deprez, la déléguée générale de l’Alliance royale, un parti qui mène jusque dans l’arène électorale son combat pour la restauration de la monarchie. «Nous sommes des pragmatiques: nous proposons aux Français du XXIe des solutions aux problèmes actuels [de notre pays] en nous adossant à un système qui a fait ses preuves pendant 1 000 ans en France.»

Portée par un slogan qui ne faisait pas passer son message par quatre chemins lors des dernières élections européennes – «Lorsque le roi n’est pas là, les pourris dansent» –, l’Alliance royale a récolté 0,02% des suffrages. Des résultats modestes, certes, mais qui ne l’empêchent pas de rêver à l’avènement d’un «grand soir à la mode royaliste».

«La république a jeté un envoûtement sur la France qui a endormi les Français. Mais les gens commencent à se réveiller.» – Sandrine Pico-Deprez

«Nous sommes confiants: qu’il soit d’Anjou ou d’Orléans, […] un Capétien relèvera le défi, le moment venu», écrivait l’organisation sur son site internet le 6 novembre dernier. Pour Mme Pico-Deprez, le retour du roi n’est pas une lubie, mais bien une urgence dans une France qui, selon elle, «est en phase terminale». «La révolution a détruit l’identité française, si bien que nous ne nous reconnaissons plus dans notre propre pays. Le roi serait un ciment, un homme fédérateur, une clé de voûte. Il saurait réconcilier les Français avec eux-mêmes», croit Mme Pico-Deprez.

Un autre modèle
«Les valeurs de la bourgeoisie, seules, ne suffisent pas à construire une nation, croit Pascal Beaucher, secrétaire général de la Nouvelle Action royaliste (NAR), une organisation royaliste qui milite sur un autre terrain que celui des urnes. J’aime bien que dans un pays, on ne puisse pas arriver au sommet. Il faut un plafond de verre pour limiter certaines dérives, et c’est ce que la royauté offre: un homme à la tête du pays qui représente l’ensemble du peuple, et pas seulement une partie, comme c’est le cas avec nos présidents.»

Selon M. Beaucher, ceux qui ont tenu les rênes de la République française depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, en 2007, sont «des nains qui n’ont ni la taille ni le prestige de diriger la France». Constatant les tensions qui crispent la société française – notamment mises en exergue lors du débat entourant le projet de loi autorisant le mariage gai –, le secrétaire général de la NAR est inquiet. «Les choses se règlent dans le sang en France, par des révolutions. Je ne vois pas comment nous pourrions y échapper.»

Nostalgiques, les royalistes?
Le mouvement royaliste de France recueille des adhésions d’un bout à l’autre de l’échiquier politique. Un groupuscule comme le Lys noir, qui appelle de ses vœux un coup d’État militaire pour remettre la royauté en selle, cohabite ainsi avec des organisations comme la NAR, qui refuse catégoriquement de faire table rase du système actuel au profit de la monarchie. Divergence des moyens, mais convergence des idées: leur défiance envers l’Union européenne telle qu’elle se construit aujourd’hui, leur ras-le-bol envers les valeurs bourgeoises léguées par la révolution française et leur sentiment que la France se délite, «diluée dans le mondialisme», selon les mots de Mme Pico-Deprez, unissent les royalistes entre eux.

«Si Métro cherche des vrais nostalgiques, il va en trouver!», assure dans un grand éclat de rire M. Beaucher. Une multitude de groupuscules, souvent régionaux, réclament le retour de «Son Altesse Royale», pour des raisons davantage folkloriques que politiques.

«Si c’est pour avoir une dérive royalo-fasciste, je ne suis pas preneur. Moi, je n’irai pas tuer mon voisin pour rétablir la monarchie.» – Pascal Beaucher, secrétaire général de la Nouvelle Action royaliste

Ces groupes se retrouvent d’ailleurs chaque année place de la Concorde, à Paris, pour commémorer l’exécution de celui qu’ils désignent comme le «roi-martyr», Louis XVI. En attendant le couronnement de «Sa Majesté», ils rêvent, à l’instar d’Yves-Marie Adeline, président d’honneur de l’Alliance royale, «de la nuit où [ils] se réveiller[ont] en nage en [s]e demandant qui [ils vont] amener à Reims demain».

Fonctionnement d’une monarchie au IIIe millénaire
La restauration de la royauté française ne ressusciterait pas la cour de Versailles, affirme Sandrine Pico-Deprez.

  • «Le roi régnerait, ce ne serait pas un roi d’opérette, mais ce ne serait pas un tyran non plus», indique encore Mme Pico-Deprez.
  • Immigration. L’Alliance royale promet l’assimiliation des immigrants basée sur une politique d’«affection du roi».
  • Mariage. Pour l’Alliance royale, «la finalité du mariage est la natalité». Ainsi, le parti abrogerait la loi permettant le mariage gai.

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