Du «pink slime» au Canada?

Depuis plusieurs semaines, nos voisins américains sont aux prises avecle scandale du pink slime, cet amalgame de restes de découpes de viande et de tissus de bœuf préparé mécaniquement et traité à l’ammoniaque (pour éliminer le E. Coli et la salmonelle). Cette préparation est ensuite ajoutée à la viande hachée vendue en épicerie et dans certaines chaînes de restauration rapide, pour en réduire le coût.

Depuis le début de l’affaire, McDonald’s aurait arrêté d’utiliser cette douteuse mixture rose, ainsi que Taco Bell et Burger King. Mais le bœuf haché vendu en épicerie continuerait d’être, en grande partie, traité à l’ammoniaque, bien que l’industrie du boeuf aurait commencé à flancher sous la pression populaire.

La question qui m’est immédiatement venue à l’esprit en lisant sur le sujet: Qu’en est-il du Canada? Mélangeons-nous le pink slime à notre bœuf haché? Mangeons-nous cette substance sans le savoir?

Difficile d’avoir des réponses à ces questions. C’est pourquoi je me suis tournée vers l’expert en politiques agroalimentaires et en sécurité alimentaire de l’Université de Guelph en Ontario, Sylvain Charlebois.

D’entrée de jeu, le spécialiste me réconforte: «l’utilisation de l’ammoniaque est interdite au Canada dans la transformation alimentaire». Donc, on peut se rassurer que le pink slime n’est pas permis ici et la majorité du bœuf consommé au Canada est du bœuf canadien. «Au Canada, les pratiques sont reconnues et la viande que l’on consomme est salubre», me rassure-t-il.

Mais s’il y avait du pink slime sur les tablettes des supermarchés canadiens ou dans les restaurants-minute, M. Charlebois n’hésiterait pas à en manger. «Je sais ce qu’il y a dans les saucisses à hot-dog et ça ne me dérange pas», dit-il en comparaison.

Pour lui, il n’y a pas d’inquiétude à y avoir avec le pink slime, qui est salubre. Plus salubre que la viande biologique, qui est entourée de bactéries, relativise l’expert. Le scandale qui a éclaté chez nos voisins du Sud, notamment à cause d’une intervention télévisuelle de Jamie Oliver (voir la vidéo plus bas), a exagéré la vérité croit-il. «Maintenant, les gens pensent que le pink slime est poison. Ce n’est peut-être pas appétissant, mais il n’y a pas d’E. Coli.»

L’important serait, ajoute-t-il, que les gens puissent savoir ce qu’ils mangent. Ce qui n’est pas le cas pour l’instant. L’étiquetage n’étant pas obligatoire, ils n’ont aucune manière facile de savoir ce que contiennent les barquettes des supermarchés.

Le nœud du problème réside, en partie, là. Et une autre partie du problème est aussi attribuable aux consommateurs qui souhaitent toujours en avoir plus tout en payant moins. «Mais on paie pour ce qu’on a, affirme Sylvain Charlebois. La raison primaire de l’existence de ces pratiques est de pouvoir mieux contrôler les coûts.»

Voilà pourquoi, en éliminant le pink slime de leur menu, les McDo et Burger King de ce monde risquent fort d’augmenter le prix de leurs hamburgers d’ici quelques temps, question de «rentrer dans leur argent».

Mais bon, en attendant, on peut, nous, Canadiens, mordre sans crainte dans nos hamburgers cet été! Et pour les plus précautionneux, aller acheter votre viande hachée directement dans les boucheries spécialisées, qui hachent la viande au fur et à mesure, selon les demandes des consommateurs.

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Ma première prise de conscience sur le pink slime a été possible grâce à  Jamie Oliver qui avait fait du pink slime «maison» lors de la deuxième saison de Jamie Oliver’s Food Revolution en avril 2011. Voici l’extrait de l’émission.

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=wshlnRWnf30&w=420&h=315]

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