Soutenez

Hors du commun: Vive le Noël libre

Chaque semaine, la journaliste et animatrice Julie Laferrière et l’humoriste, animateur et illustrateur Pierre Brassard posent un regard original sur les usagers du transport en commun.

Ligne verte, direction Angrignon. Station McGill. C’est lundi. Il est 16h10.

Nous, passagers de ce wagon de métro, sommes à la fois envieux, perplexes et un peu angoissés. Noël est à nos portes et nous observons une dame qui fait une entrée remarquable. Ses bras sont chargés de paquets. Elle nous confronte au fait que nous n’avons pas commencé à chercher les trop nombreux cadeaux que nous DEVRONS offrir.

C’est probablement, entre autres, cette impression d’obligation qui nous arrête.

Nous résistons, sachant quand même très bien que nous échapperons difficilement à cette surconsommation forcée. Ce qui a pour effet de fixer une boule d’angoisse au fond de nos bedons et d’orner d’une guirlande de culpabilité notre refus de plonger dans la folie des Fêtes.

Malgré notre lucidité qui nous dicte que nos cadeaux finiront, pour certains, au fond d’un garde-robe, tel un mauvais souvenir de Cuba, nous lorgnons quand même du côté de cette dame dans la soixantaine, bien emmitouflée dans son manteau aux motifs de léopard. La chasse a été bonne, comme en témoignent les sacs joufflus gisant autour d’elle comme autant de proies qui auraient succombé à l’attaque d’une gourmande carte de crédit à 12,5% d’intérêt.

Mais, même si nous nous donnons bonne conscience en nous disant que, cette année, nous ne tomberons pas dans le panneau, nous nous sentons profondément inadéquats devant la performance de cette guerrière.

Nous poussons alors un soupir collectif, en nous demandant comment on peut se laisser gagner par l’esprit des Fêtes et réussir à gérer le tsunami d’émotions contradictoires qu’elles suscitent en nous. Des états teintés de nostalgie, de bonheur suranné, d’un soupçon de contrariété et de quelques vertiges à la vanille que l’on mélange au lait de poule trop sucré.

Comment ne pas se sentir comme un rabat-joie de Noël, quand l’idée de cet événement ne fait pas briller nos yeux de mille feux? Comment être présent et faire plaisir sans se travestir?

Il en revient probablement à chacun de nous de trouver sa place au sein de ce carnaval aux relents de clou de girofle et de cannelle. Et, au fond, si ces arômes nous tombent sur le cœur, on n’aura qu’à se souhaiter un rhume pour avoir le nez bien bouché, du 23 décembre au premier 1er. Sans quoi, on retiendra un peu son souffle en se disant qu’une petite semaine, c’est quand même vite passé.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.