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Les immigrants et François Legault

Photo: Jacques Boissinot/La Presse canadienne

La Coalition avenir Québec dévoilait dernièrement ce que serait la politique d’immigration d’un gouvernement caquiste. Trois piliers forment celle-ci: adhésion aux valeurs québécoises, connaissance du français et intégration au marché du travail. Pas une grande surprise, cela dit, la plupart des grandes lignes ayant été énoncées depuis un certain temps déjà.
La trame de fond? Du populisme relativement sophistiqué, où on tend à justifier l’existence desdites politiques afin de rendre service aux immigrants, considérés comme victimes du régime actuel. Nice try.

Parce qu’en épluchant le truc, force est de constater qu’on tape, et fort, sur le clou du préjugé voulant que les immigrants peinent à s’intégrer ou refusent de le faire. Pire: plusieurs propositions ne peuvent se justifier, de près ou de loin, constitutionnellement parlant. Le test des valeurs, surtout.

Sérieux, là. Un examen pour évaluer si l’immigrant rejoint nos valeurs, sous peine de déportation? Au mieux, appelons ça de la ti-counerie institutionnalisée. Au pire, une idée franchement dangereuse, issue d’une idéologie délétère.

Quand on lui demande de définir les valeurs québécoises en question, Legault évoque invariablement celle-ci: l’égalité hommes-femmes. OK, ça marche. Et la deuxième? On verra rendu au pouvoir. Pas pire, quand même. L’adhésion à nos valeurs est tellement importante que nous sommes incapables de définir celles-ci. Voilà qui part bien.

N’en déplaise à la CAQ, les chartes des droits et libertés protègent le citoyen contre toute forme de mesure étatique parfaitement arbitraire. N’est-ce pas le cas en l’espèce?

À moins, bien sûr, que Legault fasse plutôt référence aux valeurs prévues à ces mêmes chartes (ce qui est d’ailleurs le cas de l’égalité hommes-femmes). Rappelons que ces valeurs, par définition… universelles. La pognez-vous?

D’aucuns répliqueront que le fédéral impose également un test de citoyenneté. Juste. Mais on parle ici d’un examen objectif, du type «combien de provinces au Canada?» Pas mal différent d’un interrogatoire sur votre appréciation du sirop d’érable ou de l’œuvre de La Poune.

Autre affaire: bien sympathique, l’idée de déportation (le mot me grince aux oreilles à chaque fois), sauf que Québec n’a aucune compétence en la matière. Seul le fédéral peut agir en ce sens. La CAQ compte-t-elle sérieusement sur un gouvernement Trudeau, plus ONU que l’ONU elle-même, pour déporter (ouch) quiconque a échoué un truc si subjectif? Bonne chance.

La formation de François Legault propose également, sans surprise, l’abaissement du nombre d’immigrants de 50 000 à 40 000. Cela, par définition encore une fois, laisse entendre que ceux-ci, c’est-à-dire les «autres», sont trop nombreux.

Mais qu’en sait-on, au juste? Qui évalue la chose? François? Du reste, ai-je bien compris que nous entrons dans une ère de plein emploi? Que bientôt 100 000 jobs seront à combler? On fait ça comment, dites-moi? On fait travailler les enfants?

Le test de français, pour finir. Suis pas contre. Suis même plutôt en faveur. Mais à une condition: on le fait passer à l’ensemble des Québécois, aux vrais comme aux faux. Et on déporte les cancres. Sachant que 49% de la population est considérée comme «analphabète fonctionnelle», disons qu’il risque de manquer de monde à messe avant longtemps…

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