Soutenez

Gaïa dit: «J’aimerais être Elise Guilbault vêtue de cuir»

Deuxième saut de biche d’une série de trois textes sur la COP21 de Paris que nous rédigeons, Fred Dubé et moi.

À mon premier jour du secondaire, l’innocence de mes 11 ans trouva la mort dès l’entrée en classe d’une sexagénaire en pantalons taille haute, la bienveillance d’une murène dans le regard.

La toute première chose qu’annonça Thérèse Beaulieu à sa classe de petites pisseuses qui n’avaient pas connu la Grande Dépression fut la suivante: la Terre allait exploser dans 50 ans.

Inutile de dire que nous suçotions le bec de notre berlingot de 3,25% en silence sur l’heure du midi, en imaginant nos entrailles pleines de suie pulvérisées sur les murs en 2042 (c’était en 1992. J’ai mes réglettes.)

Eh bien 23 ans plus tard, la prophétie de Thérèse résonne plus que jamais, en pleine Conférence des Nations unies sur les changements climatiques présentement en cours à Paris. Heureusement, chemise empesée et Mont Blanc bien haut, il y a du bonhomme en costard au pouce carré qui a des affaires à dire:

«Sur vos épaules repose l’espoir de toute l’humanité.» – François Hollande.

«Nous refusons d’être les sacrifiés de la communauté internationale à Paris.» – le ministre de l’Environnement du Bangladesh.

«Me passeriez-vous-tu la fleur de sel?» – Barack Obama, photographié au restaurant Ambroise en face de M. Hollande, qui porte l’espoir de toute l’humanité sur ses épaules en mangeant du pain.

Tout se déroule à merveille.

Et après 10 ans à se sacrer de l’environnement en tirant du gun dans les airs, le Canada semble, lui aussi, paré au u-turn que nous attendions tous. Enfin. Paré à procéder «à son rebranding sur la scène internationale», selon le porte-parole des chevelures poivre et sel les plus ondoyantes et soyeuses qui soient, Philippe Couillard.

SUPERBE. Une nouvelle image! C’est ce qui compte vraiment. Changer la couleur de la boîte de chocolats. Y apposer le sceau «saveur améliorée». En faire tirer à Marina Orsini. De la graine de beau projet. Mais t’auras beau changer le fini de la boîte pour du semi-glossy et y mettre une boucle en raphia, tes Russell Stover se transformeront pas en Geneviève Grandbois pendant la nuitte.

Et comme le recyclage de mes canisses de Lime-a-Rita et ma présence dans les transports en commun ne semblent pas faire grand différence dans les émissions de GES, j’ai la naïveté de compter sur cette Conférence pour que mes petits gestes du quotidien soient conjugués aux vrais engagements de nos leaders. Pas juste à la posture de bon prince du petit Justin, qui a l’air d’avoir oublié comment attacher ses bottines chaque fois qu’on le questionne sur le plan d’action du Canada pour limiter la hausse du climat à 2°C d’ici 2100.

DONNEZ-LUI UN PETIT CUBE DE SUCRE, QUELQU’UN. Une barre tendre. Un Ensure. Qu’on manque pas le monorail.

Jusqu’ici, la COP21 ne nous a donné que de grands discours (narrés par Morgan Freeman) de présidents émotifs qui se disent prêts à bécoter Gaïa dans le creux du cou pour sauver la planète. J’ose espérer qu’à l’instar d’Anik Jean qui donnait toute une go à une Elise Guilbault vêtue de cuir dans la bande-annonce de la prochaine saison d’Unité 9, on sera pas déçus en 2016.

La bise.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.