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Pas de frontières pour le populisme

Photo: Associated Press

Les candidats «anti-système» aiment bien cette citation de Coluche : «La moitié des hommes politiques sont des bons à rien. Les autres sont prêts à tout.»

Michel Colucci versait dans l’exagération. Le candidat à la présidentielle française de 1981 était après tout un humoriste. Comme l’est Beppe Grillo, qui a surpris tous les sondeurs en remportant le quart des voix aux législatives italiennes du mois dernier.

Son discours s’inspire de celui de Coluche, qu’il a rencontré en 1985, un an avant sa mort: la classe politique avec sa splendide indifférence, est l’ennemie du peuple. Le message porte. Dans les démocraties vieillissantes, le populisme, de droite comme de gauche, gagne du terrain.

Les deux, à leur manière, misent sur un ras-le-bol généralisé à l’égard des élites de toutes sortes. Les deux réduisent les thèmes politiques complexes à des formules simples et à l’emporte-pièce. Diaboliser l’adversaire, en faire un bouc émissaire, jouer la base contre le sommet est leur style politique.

Le tout doit être fait avec éloquence et sans mâcher ses mots. Sans véritable parti, ni programme précis, Beppe Grillo est aujourd’hui l’étoile montante de la politique italienne grâce à sa verve oratoire, un peu comme l’a longtemps été Silvio Berlusconi, qui cherche désespérément à regagner le Palais Chigi, la résidence des premiers ministres italiens.

Le populisme n’a pas de frontières. En Europe, il est surtout campé à droite. Viktor Orban, le premier ministre hongrois, en est la figure de proue. Mais, les partis populistes conservateurs montent en flèche dans les pays scandinaves, traditionnellement sociaux-démocrates.

En Amérique latine, le populismo se conjugue à gauche. Hugo Chávez, mort la semaine dernière, en a été l’incarnation pendant 14 ans au Venezuela.

Sous toutes les latitudes, le leader populiste (toujours charismatique) mise sur le peuple, lui donne l’impression d’être en dialogue direct avec lui, comme l’a fait Chávez avec Aló Presidente, son émission de télévision dans laquelle il répondait aux questions de son audience… triée sur le volet.

Si le populiste, quel qu’il soit, vitupère la machine médiatique traditionnelle, il n’est pus le seul : bon nombre de citoyens le font tous les jours sur toutes les tribunes de la blogosphère.

Le populisme fait l’actualité. Il marque ce début du siècle, avec la stigmatisation des immigrés et les inquiétudes suscitées par une mondialisation effrénée. Sa rhétorique est alimentée par un désenchantement politique et un désarroi social et économique. Il a un bel d’avenir.

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