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La naissance

Il y a un mois, j’ai reçu un nouvel être humain tout neuf de marque Homo sapiens! Il s’appellera Jean-Batman-Steve-Cobra-Ramón Trempe, un nom qui est comme un collage de bonnes idées. Son grand-frère Johnny, lui, est très heureux d’avoir un petit frère et semble déjà comprendre les avantages indiscutables d’avoir un complice/acolyte/bouc émissaire/souffre-douleur à portée de main. Jusqu’ici, le bébé est tranquille, il boit du lait, il tente de prendre le contrôle de ses paupières (sans succès), il remplit des couches aussi souvent que le serveur d’un restaurant vietnamien remplit des verres d’eau, etc.

Avant la naissance de Jean-Batman, je me demandais si j’allais devoir diviser mon amour parental en deux. Je me demandais si l’amour (ce mélange de sentiments agréables que l’évolution a placé en moi pour éviter que je me sauve devant mes responsabilités) était quelque chose de fini et de divisible. Or, il semble bien que l’amour soit comme le rire : contagieux et multipliable.

Il y a quelque chose d’assez renversant dans la naissance d’un être vivant. Je ne parle pas seulement du travail et des douleurs de la mère et du travail d’une équipe médicale ultra-compétente. Je parle du fait que personne ne sait VRAIMENT comment fabriquer un bébé. Le bébé «pousse» dans le ventre de sa mère sans qu’elle (ni personne) ne connaisse le mode d’emploi. Des millions de processus d’une incroyable complexité doivent se dérouler sans anicroche pour que ce mini-bonhomme, un peu tout croche mais en état de marche, puisse voir le jour. Mais c’est cette richesse qui, selon moi, rend la vie intéressante. La richesse de la complexité. S’il y a une chose que j’aimerais apprendre à mes fils, c’est ça : méfiez-vous des explications trop simples. Elles cachent souvent la vraie nature de la réalité qui est multiforme, changeante, compliquée. Et, corollaire de cet axiome : n’arrêtez jamais de mettre du bois dans le poêle de votre curiosité; grâce à la curiosité, la vie est une suite infinie de découvertes, de surprises, de wow et d’eurêkas.

Une histoire où on apprend que je me fais souvent sortir des boutiques de maternité.

Mais bref, quand t’as un nouveau-né, il faut que t’achètes plein de trucs de bébé. Tu te retrouves donc à aller dans des boutiques bleu et rose où les vendeuses sont extrêmement mielleuses et font sentir toutes les futures ou nouvelles mamans comme si elles étaient une impératrice de Russie ayant daigné donner à la cour un magnifique héritier. Ces boutiques portent toujours des noms vaguement stupides comme Prouts-Prouts et Câlins, Fleurs et Papillons, La couche à l’envers, etc.

Dans ces endroits, en raison de mon caractère un peu particulier, je deviens vite «un problème». Par exemple, hier après-midi, on magasinait un porte-bébé.

Vendeuse: Avec ce modèle-là, vous pouvez mettre bébé au dos et il est dans une position qui dégage ses voies respiratoires au cas où il vomirait.
Moi : Ouain, j’ai pas envie qu’il finisse comme Jimi Hendrix.
Vendeuse : …
Blonde : Antoine, cibole.
Vendeuse : Vous pouvez lui mettre un chapeau anti-UV, on a plein de jolis modèles là-bas.
Moi : Ce ne sera pas nécessaire, on ne croit pas à ça, nous, les UV.
Vendeuse : …
Blonde : Antoine, peux-tu aller nous attendre dehors?

Mais j’étais déjà sorti.

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