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La chaîne d’enthousiasme

Présentement, et jusqu’à lundi, se déroule la 40e édition du Salon du livre de Montréal. C’est l’occasion pour les lecteurs et les lectrices de rencontrer leurs auteur(e)s préféré(e)s qui sont sorti(e)s de leur caverne d’écriture l’instant d’un instant. Ces deux protagonistes – le lecteur et l’auteur –, s’ils sont les plus importants maillons de la chaîne du livre, n’en sont pas les seuls.

On dit que cette chaîne (que j’appelle la chaîne d’enthousiasme parce que je suis, au fond, un grand romantique) comprend principalement cinq acteurs: l’auteur, l’éditeur, le diffuseur, le libraire et le lecteur. Pour le dire simplement, l’auteur écrit le livre, l’éditeur le fabrique, le diffuseur le distribue, le libraire le choisit et (espérons-le) le conseille, et le lecteur l’achète et (espérons-le) le lit. Mais ce modèle passe sous silence le travail capital, et tellement sous-estimé, de plusieurs dizaines d’autres professionnels qui mettent leur talent (et parfois un peu de leur santé mentale) au service de cette chaîne d’enthousiasme sans laquelle un livre ne verrait jamais le jour.

Je pense aux éditrices et aux réviseurs qui, postés devant un écran pendant des centaines d’heures ou au téléphone avec un auteur nerveux et exigeant, tentent d’améliorer, de conseiller, de comprendre et de faire comprendre un manuscrit qui a souvent besoin d’amour, de beaucoup d’amour. Puis viennent les designers graphistes qui sont les véritables maîtres d’œuvre de la direction visuelle, composant des équilibres subtils en mariant beauté et lisibilité; un travail complété par une armée d’infographistes qui s’assure, mille fois plutôt qu’une, que tout est en ordre.

Il y a ensuite l’imprimeur, avec ses pressiers, ses spécialistes des couleurs (oui, ça existe), ses coordonnatrices et son bataillon de presses gigantesques, dangereuses et tonitruantes. L’imprimerie est un métier qui a plus de 500 ans, un métier noble, difficile, hasardeux. Calibrer les couleurs est un art et malgré la technologie actuelle, il reste qu’au final, ce sont des yeux humains qui doivent décider si ce cyan est le bon cyan (personnellement, j’essaie toujours de ne pas être cyan).

Puis arrivent le diffuseur et ses représentants, sortes de commis voyageurs des temps modernes qui passent leur vie sur la route, loin de leur famille, à tenter de convaincre les libraires de partout au Québec, semaine après semaine, et à essayer de susciter l’enthousiasme pour ce jeune auteur ou pour ce projet un peu bizarre d’un livre sur les pizzas en forme de pizza (oui, ça existe).

Viennent enfin tous les libraires qui orientent et guident les lecteurs dans l’océan infini des titres; pour trouver ce cadeau de Noël qui fera plaisir, cette perle rare qui fera vibrer l’âme ou cette bande dessinée qui allumera le sourire dans le cœur d’un enfant.

Tous ces chevaliers de l’ombre ne seront évidemment pas tous au Salon du livre en fin de semaine. Mais le fruit de leur dur labeur, le résultat de plusieurs semaines, voire plusieurs années de travail, y sera dans toute sa splendeur papy­res­que (si tu me permets ce néologisme audacieux).

Bref, il ne manque que toi et ta soif de découverte. Viens nous voir.

@PenseCroche

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