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Le prix de la publicité

Je vous offre le choix suivant:
• Une maison à Ahuntsic, deux chambres à coucher, 1500 pieds carrés, jolie cour avec services de proximité. 500 000$
ou
• La maison de vos rêves, grands espaces de vie dans le plus beau quartier du nord de la ville, urbanisme de style européen, le paradis des jardiniers, parfait pour une jeune famille. 1 200 000$.

Ma question est la suivante, la description plus «marketing» de la même maison est-elle suffisamment éloquente pour vous faire payer plus de deux fois le prix? Poser cette question c’est y répondre… pour une maison du moins.

Pour la plupart des autres biens de consommation, on se laisse vendre toutes sortes de choses par les images et les paroles hypnotisantes des publicitaires. Nous sommes, après tout, des êtres émotifs. Pensez-y, pourquoi la publicité existe-t-elle? Personnellement, je me laisse constamment séduire; à l’épicerie surtout. Je reviens à la maison avec de nouveaux craquelins et ma conjointe me fait remarquer que l’autre marque se vend la moitié du prix… Mais l’emballage était si beau!

Je résiste pourtant toujours aux GM et Ford de ce monde. Ni les jolies femmes, ni la puissance d’accélération, ni les images de voitures dans la nature n’ont encore réussi à me convaincre de délaisser mon «cocktail transport». Je me promène avec ma famille de cinq à pied, en vélo, en Communauto, en taxi, en autobus et en métro. Nous sommes sans doute l’une des seules familles avec trois enfants ou plus à avoir fait ce choix.

L’argumentaire économique est pourtant éloquent.

Selon le CAA Québec, une Camry me coûterait environ 11 000$ par année. Je ne vous parle même pas du stationnement! Ajoutons à cela un vélo pour faire quelques courses (je compte 200$ par année pour l’entretien et la dépréciation) et une passe mensuelle de la STM, 11 mois par année pour ma conjointe (qui ne conduit pas). Total: 12 000$ par année.

Notre cocktail transport est beaucoup moins cher.  Nous utilisons pourtant presque chaque semaine une voiture (de Communauto). Je la réserve une journée pour  aller faire du ski avec les enfants, quatre heures pour une sortie familiale chez des amis ou même une heure pour aller porter des rebuts à l’écocentre. Bref, dès que j’ai besoin d’une voiture, j’en ai une. Nos déplacements quotidiens se font à pied, en vélo ou en transport en commun. Il pleut à boire debout? On prend un taxi. On veut louer un chalet pour les vacances d’été? On loue une voiture pour deux semaines consécutives. En étant très conservateur, j’évalue que ces modes de transport nous coûtent environ 5000$ par année.

Je vous entends protester! Son exemple n’est pas réaliste! Pourquoi compare-t-il son cocktail transport à une voiture neuve? Encore faut-il pouvoir marcher jusqu’à la garderie! C’est impossible lorqu’on habite loin du métro… Faites vous-même l’exercice! Je vous signale que dans notre cas, la comparaison se fait entre zéro et une voiture. On pourrait faire le même exercice entre une ou deux voitures. Je ne dis pas que c’est simple de ne pas avoir de voiture. Mais, à mon avis, le contraire est aussi vrai.

Évidemment, il y a des avantages indéniables à être propriétaire d’une voiture. La principale étant sans doute la liberté et la flexibilité d’avoir une voiture à votre disposition 24 heures sur 24, 365 jours par année. Jamais, comme propriétaire, vous ne devez changer vos plans parce que les voitures de Communauto sont toutes louées (il faut parfois s’y prendre à l’avance).

Il y a pourtant aussi des avantages indéniables à ne pas être propriétaire. J’emprunte le mode de transport le plus efficace pour chaque déplacement. Je passe zéro minute dans un garage. Je ne dois jamais déneiger un stationnement. Je n’ai jamais de contravention parce que j’ai oublié ma voiture du mauvais côté de la rue. Je ne magasine jamais les garagistes. Je n’oublie jamais d’installer les pneus d’hiver. J’ai des mollets d’acier…

Le plus grand avantage de ne pas avoir de voiture demeure les énormes économies d’argent.

Pour compenser cet écart économique, l’industrie de l’automobile investit des centaines de millions de dollars, seulement au Québec, pour nous convaincre d’acheter une voiture. Le culte de la voiture est donc ancré dans notre esprit si bien qu’il devient extrêmement difficile pour les «vendeurs» du cocktail transport de nous le vendre efficacement.

Lorsqu’on dépensera un dixième du budget des manufacturiers d’automobiles pour promouvoir le cocktail transport, je vous garantie que mes habitudes de déplacement deviendront la norme.

En attendant, posez-vous la question suivante: avec une voiture de moins, pourrais-je me payer la maison de mes rêves?

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